Il est un des chefs de file des climatosceptiques qui maintiennent contre vents et marées que le réchauffement planétaire est causé par des variations dans l'énergie solaire, et non associé à l'activité humaine comme le prétendent la majorité des scientifiques. D'ailleurs le titre d'un des articles publiés par le Dr Soon résume son point de vue… «It is the sun stupid!». Les prises de position du Dr Soon l'en ont fait la coqueluche des milieux conservateurs. Il est fréquemment invité à présenter ses idées dans les médias de droite et ce sont ses arguments qui ont été utilisés par plusieurs membres du Congrès pour bloquer des mesures environnementales qui auraient eu un impact positif sur la planète.
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Mais comme le révèle l'article du New York Times les positions du Dr Soon ont un prix. La plupart de ses travaux sont financés par l'industrie des énergies fossiles. Il a reçu de ces groupes des sommes qui se montent à plus de 1,2 million de dollars pour les dix dernières années. Des sommes qui ne sont pas mentionnées comme des sources possibles de conflits d'intérêt. Au moins onze des articles qu'il a publiés omettent d'indiquer ses liens financiers avec l'industrie et, pour huit d'entre eux, cela représente une violation des règles d'éthique des journaux où ils ont été publiés. Ce qui est particulièrement choquant c'est qu'il semble que Dr Soon soumettait au préalable ses articles aux lobbys industriels pour que, probablement, ces derniers puissent juger de «l'utilité» de leur investissement.
Le New York Times nous apprend que les fonds reçus par le Dr Soon provenaient du «Who’s Who» de lobbys des énergies fossiles tel qu'Exxon Mobil, l'American Petroleum Institute ou la Fondation Charles G. Koch. Probablement par crainte de publicité négative, le financement que le Dr Soon recevait de l'industrie pétrolière a commencé à se tarir. Il a été remplacé par des versements provenant de «Donor's Trust». Une organisation qui accepte des fonds de donateurs qui veulent rester anonymes pour les reverser ensuite à des causes conservatrices.
L'affaire du Dr Soon ne me surprend pas car l'industrie a, dans le passé, utilisé des scientifiques pour bloquer, ou tout au moins à retarder, des dispositions qui risquent d'avoir un impact négatif sur ses profits. Les marchands de doute (Merchant of Doubts en version originale anglaise) est un livre écrit par Naomi Oreskes et Erik Conway. Dans ce livre, qui devrait être lu par tous, Oreskes et Conway démontrent que semer la confusion après qu'un consensus scientifique ait été atteint est l'arme de choix de ceux qui s'opposent à tout changement. C'est la tactique employée aujourd'hui pour le changement climatique mais qui a aussi été utilisée dans le passé par rapport aux dangers du tabagisme, le rôle des CFC dans la destruction de la couche d'ozone et l'impact des pluies acides et du DDT sur l'environnement.
Un dernier point que je voudrais partager avec vous. Pensez-vous que lorsque le consensus scientifique est écrasant, comme dans le cas des causes anthropogéniques du réchauffement planétaire, il faut laisser une place égale aux opinions contraires? C'est une situation que je rencontre souvent avec les médias. Ceux-ci tiennent à présenter les différentes facettes d'un sujet. Mais dans certains cas ce n'est pas possible car cela fait justement le jeu des… «Marchands de doute».