Une succession de premières fois...
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Femme kenyane de caractère, visionnaire, Wangari Maathai a été la première femme à obtenir un doctorat en Afrique centrale et de l'Est. C'était en 1971. À cette époque, les sociétés africaines qui ne s'étaient ouvertes que depuis peu à l'éducation des fillettes, étaient exclusivement gouvernées par des hommes. Les femmes étaient également absentes des mondes du patronat et du professorat...jusqu'en 1974 lorsqu'une femme fût engagée pour la première fois comme professeur titulaire et chef du département à l'université de Nairobi. C'était Wangari Maathai. Elle devint également la première femme à entrer dans le cercle politique kenyan, nommée assistante du ministre de l'environnement en 2003, soit un an avant de s'inscrire dans la lignée des femmes honorées par le comité du prix Nobel.
... Dans un parcours semé d'embûches
Wangari Maathai ne faisait pourtant pas l'unanimité. Arrêtée de multiples fois, emprisonnée brièvement, brutalisée, menacée de mort, elle n'était pas "une femme à sa place". Cette idée qui fait bondir la femme que je suis, était pourtant partagée par de nombreux Kenyans, son mari inclu, qui en divorca pour cette raison. Daniel arap Moi, président/dictateur de l'époque proclamait même que Wangari Maathai était une menace pour l'ordre et la sécurité du pays.
Indifférente à ces dires, cette dernière mena de nombreuses campagnes de protestation dont la plus importante stoppa la construction de gratte-ciels au sein du Nairobi's Uhuru Park, seul îlot vert au sein de la capitale kenyane. Pour ce faire, Wangari Maathai défila dans les rues, envoya des lettres de contestation aux ministres du pays, aux journaux et même au directeur exécutif de l'UNESCO. Elle partit en justice pour défendre ce lopin de terre, connu aujourd'hui sous le nom de "Freedom Corner". Malheureusement elle n'obtint pas gain de cause. Qu'importe, elle avait fait naître parmi les Kenyans de toute classe sociale l'envie de protéger le Freedom Corner, et le projet de construction avorta éventuellement.
Des femmes et des arbres
Wangari Maathai perdit en 1979 sa position à l'université et les privilèges de logement associés. Sans travail, elle se focalisa sur un projet communautaire qu'elle avait débuté dans les années 70: le Green Belt Movement.
Au Kenya, la forêt est au cœur du quotidien des villageois, que ce soit pour se nourrir ou pour se chauffer. Les femmes, à qui incombent les tâches de collecte d'eau et de bois, étaient les premières affectées par la déforestation des terres : elles devaient se déplacer de plus en plus loin pour trouver les ressources indispensables au maintien du ménage. Wangari Maathai décida alors d'apprendre aux femmes de son village à replanter la forêt pour continuer à profiter de ses bienfaits durablement.
Appuyée par une collaboration avec la Norwegian Forestry Society, Wangari Maathai reçut des milliers de graines de l'United Nation Voluntary Fund for Women pour développer à plus grande échelle son comabt. Ce projet inspirant, s'est aujourd'hui étendu au-delà des frontières du Kenya et plus de 30 millions d'arbres ont été replantés en Afrique centrale et de l'Est. D'après les Nations Unies, plus de 900 000 femmes ont reçu une formation pour gérer durablement les forêts africaines, en générant même un petit revenu qui leur permettent d'améliorer les conditions de vie de leurs familles.
L'oiseau mouche
En 2004, le comité des Prix Nobel pensa qu'il était temps d'intégrer le monde naturel dans notre façon de penser, dans notre façon de façonner le futur des sociétés. Il récompensa alors une femme courageuse pour son "approche holistique au développement durable qui embrasse les valeurs de la démocratie, des droits de l'Homme et en particulier les droits des femmes."
Wangari Maathai incarne la possibilité d'utiliser l'environnement de façon responsable, durable et équitable. Plus encore, Wangari Maathai challenge notre conception de la Paix en pointant du doigt la convoitise des ressources naturelles devenues limitées et limitantes au développement des sociétés comme source principale des conflits.
Les dirigeants ont la responsabilité et le pouvoir de changer les règles du jeu. Mais ce sont les sociétés entières qui les influencent pour prendre les bonnes décisions, par nos questionnements, par nos actions. Nous participons tous à notre niveau à la conservation du monde naturel. Il n'existe pas de telle chose qu'une contribution insignifiante, n'es-tu pas d'accord avec moi petit oiseau mouche ?