Il s’agit de NeuWrite West (premier lien ci-bas) dont le mandat est de rassembler des scientifiques et des rédacteurs dans le but de créer un espace pour partager et critiquer le travail des uns et des autres. Tout cela, nous dit-on, dans un souci de transmettre à un large public les pratiques et idées scientifiques parfois complexes, sans sacrifier la précision et la rigueur qu’exige leur transmission.
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Je voulais m’en tenir à ça mais comme souvent, on commence à survoler un article, puis un autre, et finalement je tombe sur quelque chose que je ne peux passer sous silence ! Il s’agit du résumé d’un article sur les péricytes publiés dans Nature en avril 2014 (2e lien ci-bas) qui traite des mécanismes possibles permettant aux capillaires cérébraux d’être dilatés quand l’activité accrue de neurones avoisinants l’exige.
Et si je ne pouvais le passer sous silence, c’est parce que j’ai justement parlé de ce phénomène important (plusieurs techniques d’imagerie cérébrale comme l’IRMf en dépendent) dans l’une de mes séances d’hier. Et que ce faisant, je n’ai pas parlé du rôle possible des péricytes quand j’ai abordé cette question. À ma défense, comme on peut le lire dans le billet de NeuWrite West, l’explication classique attribue effectivement un rôle central dans ce mécanisme plutôt aux astrocytes comme je le mentionnais hier, un type de cellule gliale dont les prolongements peuvent être à la fois en contact avec les capillaires et les neurones. D’où une position stratégique idéale pour réguler le diamètre des vaisseaux sanguins en fonction de l’activité des neurones voisins.
Mais ce que suggère l’article du groupe de David Attwell, c’est un rôle majeur possible dans ce processus pour les péricytes, de petites cellules contractiles capables d’enserrer les vaisseaux sanguins. Un rôle pour l'instant possible, car les données présentées n’apportent pas une preuve causale directe que la relaxation des péricytes observée avec l’activation neuronale produit effectivement une dilatation des capillaires. Donc d’autres travaux seront nécessaires pour élucider ce mécanisme décidément fort complexe qui permet à notre cerveau d’approvisionner préférentiellement certaines régions plus actives.
Ce qui me fait penser à deux autres choses dites durant les cours d’hier. La première, mentionnée aussi dans l’article, c’est que notre cerveau, qui ne représente que 2% du poids du corps humain, requiert néanmoins constamment 20% de l’énergie de nos repas. Les petits ajustements de débit dont parle cet article ne font fluctuer que très peu cette valeur de 20%, puisque la plupart des neurones du cerveau ont une activité nerveuse endogène qui nécessite toujours un apport énergétique important. Autrement dit, notre cerveau même «au repos», n’est jamais au repos, comme le dit Marcus Raichle qui a longtemps étudié ce phénomène.
L’autre chose que cette histoire évoque, c’est l’une des dernières diapos du cours, une citation de Katz et Rosenzweig que je trouve à la fois très juste et très drôle (merci à Gilles Bertrand pour la citation, en anglais cependant). Je vous la laisse en terminant, sachant que vous saurez faire le lien avec cette histoire. ;-)
We have not succeeded in answering all our problems —indeed we sometimes feel we have not completely answered any of them. The answers we have found have only served to raise a whole set of new questions. In some ways we feel that we are as confused as ever, but we think we are confused on a higher level and about more important things.P.S.: je ne suis pas certain d’avoir le temps d’écrire un billet la semaine prochaine car je serai occupé les 5 jours avec les «Écoles de profs»…
• New in Neuroscience: Pericytes are Novel Players in Fueling the Brain
• Péricyte