Des plongeurs allemands et israéliens qui ont bravé les conditions régnant là-dessous ont découvert en 2010 «une source de vie», sous la forme de fontaines d’eau douce sous-marines qui favorisent le renouvellement d’une grosse population de microbes —et parmi ceux-ci, des microbes rarement vus ailleurs.
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Les plongeurs ont identifié environ 30 cratères au fond de la mer —un lac, en fait— d’environ 10 mètres de large et de 13 mètres de profondeur, couverts d’un mince film, et parfois d’un épais tapis de ces microbes.
Ceux-ci sont des archées, c’est-à-dire un groupe de micro-organismes qu’on ne voit pas très souvent: ils représentent à eux seuls le «troisième domaine» de la vie, à côté des bactéries et des eucaryotes (groupe qui inclut nous, et tout le reste). Les chercheurs évaluent leur concentration entre 1000 et 10 000 par millilitre, ce qui est loin en-dessous de ce qu’on trouve dans l’eau de mer, mais tout de même très bien pour une eau qui contient... 33% de sel! C’est huit fois et demi la quantité de sel qu’on trouve dans l’eau de mer normale.
Les biologistes savaient depuis longtemps que la mer Morte n’était pas complètement morte, parce que ces microbes avaient été identifiés dès les années 1930. En deux occasions, en 1980 et 1992, rapporte la journaliste et biologiste Jennifer Frazer, on a même assisté à une explosion de bactéries donnant aux eaux une couleur rouge.
Ce qu’on avait sous-estimé jusqu’ici en revanche, c’était la variété des microbes, et la présence de colonies de cette importance —d’où l’expression «un tapis». Une nouvelle expédition de plongée devait avoir lieu ce mois-ci.
Il faut se rappeler que la mer Morte reçoit de moins en moins d’eau douce: en fait, elle recule chaque année et pourrait bien disparaître en majeure partie, comme l’ont fait la mer d’Aral, en Russie, et le lac Tchad, en Afrique. Elle était jadis alimentée par le Jourdain, une rivière qui coule depuis le nord, mais qui est, depuis 50 ans, en bonne partie détournée pour alimenter en eau Israéliens, Palestiniens et Jordaniens. Avec pour résultat que la mer Morte descend d’un mètre par année, et qu’on ne voit pas où cela s’arrêtera.