Par Raymond Fournier
Le titre de la nouvelle pièce de théâtre scientifico-historique à l’affiche du Théâtre Denise-Pelletier est à la fois un appel lancé tel une bouteille à la mer à l’intention d’autres formes de vie intelligente dans le cosmos et une réflexion sur les traces que laissera l’humain sur Terre. Cette création de Laurence Dauphinais et Maxime Carbonneau, nous renseigne sur la création du Golden Record menée par l’astrophysicien Carl Sagan et la NASA dans les années 70 en même temps qu’elle interpelle sur ce qui fait notre humanité et son sort, aujourd’hui.
Grâce au jeu de solides acteurs, nous suivons l’audacieuse équipée de scientifiques et d’artistes constituée de Carl Sagan, Linda Salzman Sagan, Frank Drake, Timothy Ferris et Anne Druyan. Leur tâche est de sélectionner le contenu du Golden Record (discours, images et musique), représentant l’essence de l’humain. Ce fameux disque sera installé sur le flanc des sondes Voyager. Les sondes lancées en 1977 ont depuis quitté le système solaire.
Ce choix d’éléments représentant le mieux l’humanité pour les cinq milliards d’années à venir, soit après la disparition de notre civilisation et de notre système solaire, amène une réflexion sur la communication avec une éventuelle forme de vie extraterrestre en même temps que sur la destinée de la Terre.
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L’exercice de sélection fait apparaître le biais par exemple pacifiste dans le rejet des photographies de champignons nucléaires par des membres du groupe ou puritain pour les choix de dessins illustrant le corps de la femme en masquant certains détails anatomiques de ses parties sexuelles en tenant compte du fait que la société américaine était prude.
L’auteure et metteure en scène Laurence Dauphinais, également comédienne et autrice, affirme que ‘’les missions Voyager sont les plus beaux projets de l’humanité qui va nous survivre’’, en ajoutant ‘’c’est un moment eureka soit entrer dans un monde qui nous est inconnu’’. Ici, elle fait référence au fait que les sondes spatiales ont quitté notre système solaire et s’aventurent loin dans le cosmos en précisant que les communications radios sont de plus en plus difficiles à capter sur Terre, vu la distance et le très faible signal électromagnétique émis par les sondes.
Maxime Charbonneau co-auteur de la pièce mentionne que: ‘’c’est notre propension d’archiver notre histoire par la musique choisie dans le Golden Record qui m’a motivé à écrire cette pièce’’. Dans la forme de la représentation théâtrale, il a ajouté de la technologie (vidéo, réalité virtuelle, jeu vidéo interactif, etc.) pour sortir des sentiers battus. Une application téléchargeable par la Messe Basse donne également accès au contenu du Golden Record.
Au niveau scientifique, tous les faits rapportés sont scrupuleusement exacts. Le jeu des acteurs et actrices, Évelyne Rompré, Olivier Morin, Simon Landry-Désy et Phara Thibault, révèle les grands thèmes de l’aventure humaine et de ses relations interpersonnelles, donnant une crédibilité ajoutée aux personnages scientifiques.
La narration est bien servie par une narration sensible, un brin romancé souvent humoristique. Alors que les techniques de scène sont supportées par des effets d’éclairages, de support vidéo et d’utilisation de technologies d’époque à l’exception des scaphandres d’astronautes, qui relèvent d’un vieux film de science-fiction.
Utilisant la photo prise par la sonde Voyager de la Terre, un minuscule point bleu, la fin de la pièce nous invite à une leçon d’humilité de notre civilisation par rapport à l’immensité de l’Univers. La lecture de la pièce Si jamais vous nous écoutez aux Éditions Somme toute ainsi que la participation à une des représentations jusqu’à la fin novembre 2022 au Théâtre Denise-Pelletier sont vivement recommandées au public terrien et explorateur.