Dans un monde de recherche scientifique dominée par la langue anglaise, celle qui s'appelait jadis l’Association canadienne française pour l’avancement des sciences (ACFAS), réussit à faire briller la science en français avec son congrès, tenu en mai 2023 à Montréal. Des chercheurs, professeurs, étudiants et curieux des sciences se sont réunis pendant une semaine à l’Université de Montréal. Sous le thème de 100 ans de savoirs pour un monde durable et inclusif, ce 90e congrès a aussi fait place, comme les précédents, à de nombreuses communications scientifiques et activités pour le grand public.
Impossible en tant que journaliste scientifique de participer aux 300 conférences et aux 600 communications libres offertes par des scientifiques de la relève et de rapporter l’ensemble des propos de 9000 congressistes de 30 pays. Toutefois, rendre compte de la grande aventure scientifique francophone depuis 1923 est possible en ciblant quelques secteurs et découvertes scientifiques porteuses d’avenir comme la recherche de vie dans notre Univers et l’affermissement d’un dialogue entre science et société. Ce nouveau dialogue pour un nouveau siècle, suivant l'expression utilisée au congrès, est nécessaire, encore plus dans ce contexte où certaines personnes ont choisi de devenir hostiles au discours des scientifiques.
En parlant de découvertes, mentionnons celle en astrophysique de la détection d’une atmosphère fantôme sur la planète 1b du système exosolaire Trappist-1, la planète la plus proche de cette étoile, une naine rouge. Les résultats préliminaires et non corroborées par d’autres observations, laissent penser que la naine rouge contaminerait l’atmosphère de sa planète. Ce système, composé de 7 planètes de taille et de masse similaires à la Terre, dont trois dans la zone habitable, est scruté par le télescope spatial James Webb et ses spectrographes. Ces appareils peuvent déterminer la composition de l’atmosphère et y détecter des traces d’eau, de gaz carbonique et de méthane. Les résultats devront être considérés avec grande prudence, car la détection de faux positifs est possible.
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Autre avancée technologique en vue, la conception d’un rover pouvant résister à la nuit lunaire par l’Agence spatiale canadienne et ses partenaires. Le défi est en effet de composer avec les écarts de températures entre le jour lunaire de 14 jours (plus de 100 degrés Celsius) et la nuit lunaire de même durée (moins 200 degrés Celsius). Ce petit véhicule sur roues de 30 kg et d’un mètre de diamètre, alimenté en énergie par un ensemble de panneaux solaires et de batteries, ne peut être fabriqué entièrement en un métal trop vulnérable aux variations de température. La solution envisagée est l’utilisation d’un alliage composite thermoplastique, le poly-éther-éther-kétone (PEEK) et de courtes fibres de carbones (FC).
Le rover pourrait se poser sur la surface lunaire, près du pôle sud, vers 2026, porté par un lanceur et atterrisseur américain. Il sera entièrement contrôlé à partir de l’Agence spatiale canadienne. Son rôle: détecter de l’eau et évaluer l’environnement lunaire pour des futures missions habitées.
D’autres défis se posent au plan de la vulgarisation, pour un meilleur dialogue entre citoyen et scientifique. La France a pris les devants en octroyant 1% des fonds publics à ce qu'on appelle là-bas la médiation scientifique. On remarque qu’au Québec la diffusion des travaux scientifiques n’est pas assez large et demeure plus que jamais un enjeu sociétal, à l'heure de la désinformation sur Internet. Selon des résultats résumés au congrès, la confiance du public envers la science n’aurait pas diminué durant la période de la pandémie, mais la méfiance à son égard aurait été alimentée par une minorité très influente sur les réseaux.
La confiance du public envers la science passe par la compréhension et la diffusion du développement scientifique. L’ACFAS joue un rôle essentiel dans cet exercice, selon Yves Gingras, professeur d’histoire et de sociologie des sciences à l’Université du Québec à Montréal. ‘’L’ACFAS est d’autant plus nécessaire pour montrer une science positive devant les critiques et les craintes des citoyens. La science ne se défend pas par elle-même. Il faut des organisations qui parlent en son nom’’.