Le Nobel de physique de cette année est à des milliards d’années-lumière des Nobel de chimie et de médecine: alors que ces deux derniers récompensent des percées dans nos propres gènes, le Nobel de physique récompense deux hommes qui ont fait une contribution majeure à la théorie du Big Bang.

Tout le monde connaît l’histoire: notre Univers serait né dans une gigantesque explosion, il y a près de 14 milliards d’années. Mais comment confirmer l’existence d’une telle explosion, sachant qu’il est impossible de voir "avant"? Même si tous les indices pointent dans la bonne direction, le "moment" du Big Bang, lui, semble être à jamais hors de notre portée. Alors qu’en reste-t-il?

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Ce qui en reste, c’est un "bruit de fond" sous la forme de micro-ondes qui enrobent la totalité du cosmos (en anglais, cosmic microwave background). Ce bruit de fond avait été détecté en 1965 et avait valu à ses découvreurs, Arno Penzias et Robert Wilson, le Nobel de physique 13 ans plus tard.

Or, bien que ce bruit de fond semblait réparti uniformément, les astrophysiciens ont rapidement déduit qu’il devrait présenter d’infimes variations de température et de polarisation, révélateurs de la répartition de la matière dans les premiers âges de l’univers.

George Smoot, aujourd’hui âgé de 61 ans, l’un des deux lauréats du Nobel de physique de cette année, fut celui qui, en 1992, annonça que son équipe avait détecté pour la première fois ces infimes variations. Cette découverte fut qualifiée par le physicien Stephen Hawking de "plus grande découverte du siècle sinon de tous les temps". Plus prosaïquement, elle fit passer la cosmologie d’une science de théories à une science appuyée sur des observations.

John Mather, aujourd’hui âgé de 60 ans, l’autre Nobel de physique 2006, était le coordonnateur derrière cette quête, dont l’élément fondamental avait été le lancement, en 1989, du satellite américain COBE (Cosmic Background Explorer), celui dont les observations allaient permettre de confirmer ces infimes variations. Sans ces infimes variations dès les premiers âges de l’Univers, il n’y aurait peut-être pas eu, des milliards d’annèes plus tard, de galaxies, d’étoiles et de planètes.

Depuis cette découverte, la NASA a lancé un autre satellite, appelé WMAP (Wilkinson Microwave Anisotropy Probe) qui, en 2003, a renvoyé la "carte" la plus précise des variations de température, "à peine" 400 000 ans après le Big Bang.

Je donne