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Pour tous les comités de préservation des bâtiments historiques et tous les amateurs d’histoire, réparer les éléments abîmés avec les matériaux d’origine est toujours l’option à privilégier. C’est toutefois rarement possible, avec pour résultat que plusieurs bâtiments sont laissés à l’abandon ou réparés d’une façon insatisfaisante. Pourtant, la science offre aujourd’hui des solutions pour aider à préserver le patrimoine, constate le Détecteur de rumeurs.


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Le dilemme

Il n’est, en effet, pas toujours possible de réparer les éléments abîmés, expliquent les auteurs d’un rapport remis au Bureau de préservation historique de la ville de Colombus, en Ohio. Des enjeux de disponibilité des matériaux, de coûts et de durabilité, peuvent entrer en ligne de compte.  

Première piste: de nouveaux matériaux

Le développement de matériaux dits « alternatifs » peut cependant être envisagé : c’était en fait la ligne directrice du rapport. Par exemple, un revêtement à base de ciment, de sable et de fibre de cellulose, a été développé dans les années 1980 pour remplacer les revêtements en bois originaux de certaines maisons patrimoniales. Cette option a l’avantage d’être durable, résistante au feu et aux insectes, en plus d’offrir une apparence similaire au bois.

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Le bois abîmé de certaines vérandas peut également être remplacé par un matériau composite constitué de plastique et de bois recyclé. Sur huit villes américaines similaires en taille à Columbus, quatre avaient permis l’utilisation de ce matériau écologique et durable dans leurs quartiers historiques. 

Certaines colonnes en fibres de verre sont également considérées comme acceptables pour remplacer des colonnes d’origine en bois.

Deuxième piste: des nanomatériaux

Dans un rapport publié en 2011, un chercheur égyptien, A.M. Waked, de la faculté d’architecture de la Modern Academy for Engineering & Technology, une université basée au Caire, en Égypte, soutenait que les nanotechnologies pourraient aussi être un atout pour la préservation des monuments historiques. Il s’agit de particules dont la taille ne dépasse pas quelques millièmes de millimètre (des « nanomètres »). Pour cette raison, elles ont des propriétés intéressantes. 

En intégrant ces nanomatériaux dans les matériaux conventionnels, il est possible d’améliorer leurs caractéristiques. Par exemple, en ajoutant des particules de dioxyde de titane aux peintures, on peut rendre celles-ci plus résistantes à l’eau et plus isolantes. Ce type de peintures peut aussi être utilisé pour protéger le métal de la corrosion.

À Rome, le Musée de l’Ara Pacis a appliqué, en 2006, un revêtement autonettoyant à base de nanoparticules sur les surfaces blanches du bâtiment, dans le but d’assurer la durabilité de la couleur face à la pollution urbaine. Plusieurs constructions japonaises utilisent aussi une technologie similaire, notamment pour empêcher la saleté de s’incruster dans le verre.

Troisième piste: des immeubles écoénergétiques

La perte d’énergie observée dans certains bâtiments historiques est un autre enjeu qui préoccupe depuis longtemps les comités de restauration. Par exemple, la perte de chaleur par les fenêtres peut atteindre 50 à 60 %. Bien que plusieurs solutions existent, le premier réflexe des propriétaires est trop souvent de remplacer la totalité des fenêtres, au risque de diminuer grandement la valeur architecturale de l’édifice.

Les chercheurs italiens Giovanni Litti, Amaryllis Audenaert et Monica Lavagna se sont penchés sur le problème en 2018, notamment avec le cas du château Schoonselhof, un bâtiment du XIVe siècle situé à Anvers, en Belgique. Leur analyse a révélé que le remplacement des fenêtres n’était pas nécessairement la meilleure solution pour augmenter le rendement énergétique. 

L’installation d’un vitrage secondaire à l’intérieur permettait de réduire la consommation d’énergie, sans perdre le cachet des fenêtres d’origine. 

De telles études permettent aux équipes de restauration de faire les meilleurs choix pour préserver le patrimoine historique des bâtiments, tout en améliorant leur rendement énergétique.

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