Une étude de l’Université McGill sur la dynamique de transmission du VIH révélait, il y a peu, que 50 % des transmissions du virus du sida ont pour origine un sujet en primo-infection, c’est-à-dire très récemment infecté. Dans les cas d’infections récentes, le sujet n’a que peu de symptômes, exceptés ceux qu’on attribue à une grippe sévère ou à une mononucléose. De plus, bien souvent, les résultats d'un test de dépistage du sida sont négatifs. Et pourtant, le virus est bien installé dans le corps du sujet, et est huit à dix fois plus virulent qu’à tout autre moment ! L’accès au dépistage et un traitement précoce permettraient de réduire la transmission du virus.

Bertrand Lebouché, de l'unité VIH-sida et hépatites à l’Hôtel-Dieu de Lyon, en France, et doctorant à l’Université Laval, et son collègue Jean-Pierre Routy, hémato-oncologue à l’Hôpital Royal Victoria de l’Université McGill, ont fait suite à cette étude. Lors du 75e Congrès de l’Acfas, ils ont annoncé le fruit de leur collaboration : « Il faut considérer le traitement précoce, par trithérapie antirétrovirale, de tous les patients récemment infectés par le VIH, comme un moyen de contrôle de l'épidémie, expliquent les chercheurs. Le principe est de bloquer la multiplication du virus chez la personne en primo-infection. On endort le virus qui reste « coincé » dans l’ADN des cellules cibles. Le virus diminue alors très fortement dans le sperme et les secrétions génitales, et l’on observe une forte diminution de la transmission sexuelle. »

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Une question se pose. Comment identifier les personnes les plus à risque de transmettre le virus alors qu'elles sont séronégatives ? « Les diagnostics précoces sont encore peu pratiqués au Québec et sont très coûteux. Il faut donc promouvoir et optimiser la pratique du diagnostic précoce, répond Jean-Pierre Routy. Il faut aussi mieux former le personnel médical à reconnaître les signes précurseurs de l'infection, car le seul fait d'être informé de l'infection diminue la transmission. » Les médecins pourront ensuite orienter les patients enclins à le faire vers le traitement par trithérapie dès les premiers mois de l'infection.

« Malgré une potentielle toxicité et les risques d'émergence de résistances aux traitements, les bénéfices sont nombreux, annonce Bertrand Lebouché. Les trithérapies antirétrovirales sont aussi de moins en moins contraignantes : en 1996, il fallait prendre plus de 20 comprimés par jour. Avec Atripla, qui sera commercialisée dans quelques mois au Québec, 1 seul comprimé quotidien est nécessaire. De plus, le coût économique du traitement serait compensé par le bénéfice des vies épargnées par l’infection ! » Une nouvelle piste qui reste à explorer au cours des prochaines années dans le domaine de la prévention de la transmission du VIH.

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