Trois erreurs factuelles dans un paragraphe du rapport du Groupe des Nations Unies sur les changements climatiques —le GIEC— ça paraît mal. En ces temps où les climato-sceptiques profitent du moindre mot mal placé pour camoufler le vide de leurs propres arguments, ce serait plutôt le moment de resserrer les critères de vérification, conviennent les auteurs du GIEC eux-mêmes.

Le paragraphe erroné, qui traitait de la vitesse à laquelle fondent les glaciers de l’Himalaya, a été signalé par le géographe et glaciologue Graham Cogley, de l’Université Trent (Ontario), dans une lettre publiée le 20 janvier dans la version en ligne de la revue Science. L’erreur a été d’affirmer que les glaciers de l’Himalaya fondent si vite qu’ils auront complètement disparu en 2035; or, c’est là une donnée qui ne s’appuyait pas sur une étude, mais sur une opinion publiée quelques années plus tôt dans le magazine de vulgarisation The New Scientist.

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Il s’agit d’un passage contenu dans une des trois sections d’un des quatre volumes composant l'édition 2007 du rapport du GIEC —et ces prévisions étaient déjà jugées avec prudence par les auteurs des résumés destinés aux décideurs, écrit le journaliste Andrew Revkin : ces auteurs s’étaient montrés beaucoup plus nuancés dans leurs résumés des prévisions de la fonte glaciaire en Asie.

« La [section] sur les impacts des changements climatiques a longtemps été vue par certains climatologues comme un élément relativement faible de l’ensemble », poursuit Revkin —ex-journaliste du New York Times— « en partie parce qu’elle a moins de littérature scientifique sur laquelle s’appuyer.»

Personne n’a toutefois remis en question le fait que les glaciers de l’Himalaya fondent à grande vitesse, pas plus que quiconque ne remette en question le fait que les calottes polaires et le Groenland fondent aussi anormalement vite. Cogley lui-même précise dans sa lettre être « convaincu que la masse de travail rapportée dans les volumes du GIEC est aussi digne de confiance maintenant qu’avant la détection de cette erreur ».

Il s’agit néanmoins d’une tache sur la réputation jusqu’ici sans failles que s’était construit le GIEC face au public, convient Chris Field, de l’Université Stanford, un des auteurs principaux de la future édition, et cette tache pourrait bien être suivie d’autres, si tant est que le processus de relecture a failli dans cette section. « Les efforts pour éviter de telles erreurs vont s’intensifier », assure-t-il au Times, tout comme ils s’intensifient avec chaque nouveau cycle des rapports du GIEC, depuis les années 1990.

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