
Sur les réseaux sociaux, non seulement les fausses infos sur le climat ont-elles plus de succès que les vraies infos, mais en plus, les « tendances » quant aux sujets traités sur les réseaux sont étroitement liées à des événements dans le monde réel.
À lire également
Autrement dit, contrairement à ce qu’on observe sur bien des sujets, lorsqu’il est question de changements climatiques, ce qui fait jaser dans le monde virtuel reflète bel et bien ce qui fait jaser dans le monde réel. C’est la conclusion à laquelle en arrivent quatre chercheurs européens en analyse de données et en mathématiques, dont l’étude est parue le 28 mai dans la revue Scientific Reports.
La plupart des études de ce genre portaient sur une seule plateforme —historiquement, c’était plus souvent Twitter, en raison de l’accès aux données qu’elle offrait aux chercheurs, avant l'arrivée d'Elon Musk. Mais ces chercheurs-ci se sont plutôt penchés sur quatre plateformes: Facebook, Instagram, Twitter et YouTube. Analysant 20 millions de messages publiés en anglais pendant quatre ans (2018-2022), ils ont pu confirmer que les événements d’actualité influencent ce dont les créateurs de désinformation veulent parler: par exemple, la rencontre annuelle des Nations unies sur le climat (ou COP), la Semaine d’action sur le climat ou les grèves étudiantes du climat associées au mouvement Fridays for Future lancé en 2018 par l’étudiante suédoise Greta Thunberg.
Abonnez-vous à notre infolettre!
Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!
D’autres études avaient déjà noté cette adéquation avec l’actualité. Ainsi, des chercheurs français ont souligné en 2023 que, sur Twitter, les « pics » dans la production de fausses nouvelles sur le climat depuis 2016 correspondaient aux COP annuelles ou à de grands événements (feux de brousse en Australie, canicules, sécheresses).
La nouvelle étude confirme également un constat moins réjouissant: « l’engagement » —le fait d’aimer ou de partager un contenu— est plus élevé quand il s’agit d’un texte ou d’une vidéo provenant d’une source peu fiable. Et ce, en dépit du fait que le nombre de liens conduisant vers des sources non fiables est moins élevé: autrement dit, il y a moins de « propagateurs » de désinformation, mais ils sont plus souvent cités (ou bien ils se citent plus souvent entre eux). « Une petite fraction des messages reçoit la majorité de l’engagement. »
Les sources définies comme « non fiables » sont celles qui ont été étiquetées par les firmes américaines Newsguard et Media Bias/Fact Check « pour avoir fréquemment publié des informations fausses ou trompeuses ».
Ces constats mettent en lumière une fois encore, écrivent les auteurs, « le défi récurrent » que représente la désinformation en ligne autour du thème du climat.