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Le pharaon a donc quitté son trône. La rue a gagné. Les scientifiques étaient-ils quelque part dans ce soulèvement? Et seront-ils quelque part dans la suite des événements?

Pendant la dernière semaine des manifestations, les journalistes n’ont pas manqué de souligner qu’un nombre énorme de professionnels sont à leur tour descendus dans le centre-ville du Caire. Des avocats, des dentistes, 5000 professionnels de la santé, dont des médecins, venus par délégations entières.

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On savait déjà que c’était une révolte de jeunes, parce que plus de la moitié de la population égyptienne a moins de 30 ans. Et que parmi eux, 750 000 sortent chaque année des universités, sans perspective d’emploi.

Mais au cours de cette dernière semaine, même ceux dont l’horizon n’était pas bouché ont apparemment tenu à faire entendre leur voix; c’est ce qui a expliqué une série de grèves le 9 février dans le secteur public.

À présent que Moubarak est parti, le plus difficile reste à faire : construire une démocratie. Là encore, les scientifiques pourraient-ils contribuer?

Dans une lettre publiée par le International Herald Tribune la semaine dernière, le prix Nobel de chimie Ahmed Zewail (chercheur d’origine égyptienne, employé au California Institute of Technology) a attaqué le régime Moubarak pour sa responsabilité dans la « détérioration », depuis 30 ans, du système éducatif et scientifique. Zewail est en ce moment en Egypte pour participer, avec un groupe d’intellectuels, à l’écriture de réformes constitutionnelles devant conduire à une « transition pacifique vers la démocratie ».

« La solution commence par l’éducation. C’est notre première ligne de défense », a déclaré le microbiologiste Abdelhady Mesbah, en entrevue à la revue Nature Middle East (du groupe britannique qui publie Nature).

C’est aussi ce que souligne l’Académie des sciences du monde islamique, un organisme basé en Jordanie, qui tente de rester politiquement neutre en ne froissant pas les gouvernements qui le financent, mais qui pointe régulièrement les pauvres résultats du monde arabe en science, innovation et éducation. On doit à cet organisme, au fil des années, plusieurs rapports qui reprochent aux pays arabes l’absence d’un environnement propice à la science et l’innovation, faute de droits humains et de démocratie.

Illustration 2 : selon Nature, l’Egypte aurait produit 5140 articles scientifiques en 2010. Pendant la même année, l’Université Harvard, à Boston, en a produit deux fois plus.

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