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Compétition permanente, recherches vides de sens, éthique boiteuse, désintérêt du public… C’est le constat général que dressaient les participants d’un café scientifique, qui s’est tenu récemment à Lennoxville en marge du congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS). Refaire le monde en science.

La discussion est partie d’une simple question : Une autre science est-elle possible? En effet, la réflexion s’impose car ça ne semble pas tourner rond dans l’univers de la science telle qu’elle est faite et partagée aujourd’hui! « C’est la conception marchande de la science qui prédomine » invoque un congressiste.

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Les liens avec l’industrie seraient trop forts et la question de la finalité d’une recherche est souvent évacuée au profit de la productivité. « Le chercheur devient un homme d’affaire, qui doit produire des études rapidement comme une entreprise doit livrer rapidement des biens », déplore une jeune femme.

Avec un agenda de la performance aussi serré, les scientifiques prennent-ils le temps de réfléchir aux orientations de leurs recherches? Ils sont rares! Seuls ceux qui sortent de leur laboratoire, par exemple pour s’enfoncer dans la jungle étudier un oiseau rare, jouiraient de ce luxe.

Les autres se soumettent au système et les désillusions sont grandes. « Pourtant, on choisit souvent d’étudier en science pour changer le monde et on arrive au constat que l’infrastructure ne le permet pas », note une étudiante en sociologie et en design interactif.

Une autre participante a par exemple quitté son laboratoire d’agronomie pour devenir éducatrice en environnement. « En laboratoire, on ne s’intéressait qu’aux grands cultures extensives alors que ce qui demandent les citoyens aujourd’hui, ce sont petites cultures maraîchères et bio ».

Les axes de recherches privilégiés sont donc loin des préoccupations réelles alors que les scientifiques ont la possibilité d’administrer des fonds de recherche ou de siéger au sein de comités d’éthique. Il faudrait donner plus de place à la recherche fondamentale, qui peut avoir des impacts sur des décennies s’accorde l’assemblée. Mais pour avoir un poids réel, il faudrait intervenir tout en amont, à la source des financements : c’est à dire en politique!

Reste à impliquer aussi le public et pour cela, nous manquons de porte-paroles hormis quelques rares exceptions comme Hubert Reeves ou David Suzuki. Alors à quand un Cousteau du Saint Laurent?

En attendant, le débat se poursuit sur internet avec le lancement d’un café scientifique virtuel sur le site Science en jeu.

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