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Décidément, 2013 pourrait s’avérer l’année des virus respiratoires pandémiques! La nouvelle souche de grippe aviaire H7N9 et le nouveau coronavirus, proche voisin du SRAS, que l’on nomme dorénavant Coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-Cov) continuent d’inquiéter les autorités de santé publique à travers le monde. Des cas de résistance aux antiviraux ont d’ailleurs été observés chez des virus H7N9 en Chine. Mais qu’en est-il de ce nouveau virus, le MERS-CoV, et quelles en sont les incidences au Québec?

Pour l’instant, les craintes vis-à-vis du MERS-CoV se fondent essentiellement sur son prédécesseur, à l’origine de la crise du syndrome respiratoire aigu sévère, ou SRAS. Ce virus fulgurant avait fait en quelques mois, au cours de l’année 2003, 8445 victimes et 812 morts, avant de s’évanouir subitement dans la nature…

Le MERS-CoV a un bilan beaucoup plus modeste jusqu’à maintenant. En date du 11 juin 2013, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recensé à travers le monde depuis septembre 2012, 55 cas d’infections, dont 31 décès. Un taux de mortalité particulièrement élevé, mentionne Karl Weiss, chef du département de microbiologie et d’infectiologie à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. « Habituellement, les coronavirus sont très contagieux et causent des infections bénignes telles que le rhume. À l’opposé, le MERS-CoV ne se transmet pas facilement, mais présente une virulence plus importante. »

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Au Québec, lors du récent congrès annuel de l’Association des médecins microbiologistes-infectiologues du Québec, Cécile Tremblay, directrice du Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) informait ses collègues qu’aucun cas de MERS-CoV n’avait encore été signalé sur le territoire. « Pour l’instant le virus reste principalement localisé dans la péninsule arabique. Par contre, des cas ont été diagnostiqués à l’extérieur [de la péninsule arabique] chez des individus qui ont séjourné dans les régions touchées ». Toutefois, elle conclut sur une note moins rassurante en mentionnant « qu’il existe maintenant des évidences de transmission interhumaine du virus ».

Le LSPQ redouble donc de vigilance, puisqu’un voyageur infecté par le MERS-CoV pourrait en tout temps atterrir à Montréal. C’est d’ailleurs de cette manière que le SRAS avait fait son entrée au Canada à l’époque, alors qu’une personne malade rentrait au pays après un voyage en Asie.

Heureusement, comme le souligne le docteur Weiss, les autorités de santé publique ont tiré des leçons du SRAS. « Des protocoles sont maintenant en place dans les hôpitaux, afin de prendre en charge efficacement les patients qui présenteraient des symptômes respiratoires sévères ». Ceci pour éviter, dans la mesure du possible, qu’une autre crise comme celle de 2003 ne se produise.

Malgré tout, des questions persistent, notamment sur la provenance du virus? Comme l’explique Guy Boivin, spécialiste des virus émergents au Centre hospitalier universitaire de Québec, « nous savons que les virus de la grippe sont d’origine aviaire. Par contre, ceci n’est pas aussi clair avec le MERS-CoV. Des pistes semblent converger vers les chauves-souris, le réservoir naturel des coronavirus, mais rien n'est sûr encore. » Néanmoins, les recherches scientifiques en cours visent d’abord à mieux comprendre la biologie de ce virus et, le cas échéant, à mieux protéger la population contre cette menace grandissante.

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