piano.jpg
Gênant. Si on leur présente la même pièce musicale, avec le son seulement, puis avec l’image seulement, les auditeurs porteront un jugement différent sur la qualité de la pièce. Et l’image l’emporte sur le son.

Les moins surpris seront les historiens de la musique: dès le 19e siècle, les critiques du pianiste hongrois Franz Liszt se moquaient en disant que ses récitals seraient beaucoup moins bons s’il jouait derrière un écran. Le compositeur et virtuose (1811-1886) avait apparemment sur les spectatrices un effet similaire à celui qu’auraient les vedettes du rock, un siècle plus tard.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

De fait, une étude parue le 19 août dans la revue PNAS révèle que des spectateurs, qu’ils soient eux-mêmes musiciens ou profanes, sont beaucoup plus influencés par l’image du musicien qu’ils ne veulent l’admettre. Devant des enregistrements sonores des trois finalistes de chacune des 10 plus prestigieuses compétitions internationales, autant les novices que les experts n’ont deviné le gagnant que dans un cas sur trois —autrement dit, ils n’auraient pas fait mieux s’ils avaient tiré au sort. En revanche, devant un enregistrement vidéo mais sans le son, le taux de succès grimpe à 46% pour les novices et à 53% pour les experts.

L’auteur principal de la recherche, le psychologue social Chia-Jung Tsay du Collège universitaire de Londres, est lui-même pianiste, et se dit troublé par ces résultats.

Mais l’expert montréalais Daniel Levitin, lui, n’est pas surpris. Il faut dire qu’il porte le chapeau rare de «neuropsychologue de la musique», et les neurosciences nous ont appris depuis longtemps que le stimulus visuel pèse plus lourd que l’auditif.

Je donne