L’annonce décevante de jeudi dernier —la sonde Curiosity a révélé qu’il n’y a pas de méthane sur Mars— avait en effet été faite, telle quelle ou presque, en novembre 2012. Le méthane, c’est la carte de visite de la vie: même si Curiosity n’est pas équipé pour trouver des bactéries enfouies dans le sol, ce petit robot a l'instrument nécessaire pour détecter du méthane dans l’atmosphère. Et s’il y a des colonies de bactéries sur Mars, il devrait y avoir du méthane dans l’air.
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Du moins, c’est comme ça que se comportent les formes de vie sur Terre: elles pètent. Les chasseurs de vie extraterrestre ont beau jeu de rétorquer que la vie ailleurs n’est pas forcée d’avoir suivi les mêmes cycles évolutifs, mais il faut bien commencer par chercher quelque part, et le méthane était une piste prometteuse.
D’autant plus prometteuse qu’en 2004, la sonde européenne Mars Express avait apparemment détecté du méthane, depuis l’orbite. Les hauts et les bas de ces mesures avaient laissé planer le doute. Mais l'instrument SAM (Sample Analysis on Mars) de Curiosity étant beaucoup plus sensible, on aurait dû être capable de détecter de telles émissions, même à leur niveau le plus bas (moins de 5 parties par milliard). Un seuil si bas qu’à ce niveau, l’origine du méthane pourrait même être géologique plutôt que biologique. Or, même à ce seuil, le verdict est négatif.
Ces mesures ont été prises en octobre et novembre 2012 —d’où l’annonce négative en novembre 2012— puis à trois reprises en juin 2013. C’est la synthèse de ces six mesures qui fait l’objet d’un article paru le 19 septembre dans la revue Science .
Fidèle à elle-même, la NASA prend la peine de souligner dans son communiqué que cela n’élimine pas la possibilité de vie sur Mars, puisque certains microbes terriens n’émettent pas de méthane. Et lorsqu’elle fera l’ascension du flanc du cratère Gale —au fond duquel elle se trouve— Curiosity trouvera peut-être des traces d’un «habitat» plus encourageant —mais avec 3 milliards d’années de retard.