Si un génie des mathématiques meurt en laissant derrière lui des milliers de pages de notes qu’il ne voulait pas voir publiées, faut-il passer outre à ses voeux, au nom du progrès?

Le mathématicien français Alexandre Grothendieck, décédé le 13 novembre à l’âge de 86 ans, n’était pas seulement ce génie de la géométrie et de l’algèbre dont on dit qu’il a ouvert des chemins sur lesquels les mathématiciens planchent encore, 50 ans plus tard. Éléments de géométrie algébrique , publié entre 1960 et 1967 et totalisant 1800 pages, reste l’incontournable du domaine. C’était aussi un penseur qui s’était progressivement coupé du monde, refusant les honneurs et les invitations des plus grandes universités, et terminant sa vie comme un ermite.

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Or, il avait laissé, au début des années 1990, quelque 20 000 pages de notes et de courriers —qui dorment aujourd’hui à l’Université de Montpellier— avec pour instructions de ne jamais les publier. Dans un bref message publié en 2010, il donnait même pour instructions de détruire son oeuvre passée, incluant ce qu’on a gardé de ses cours, et de ne jamais rien republier.

À qui appartient donc son oeuvre? Du point de vue des mathématiciens, c’est un trésor qui doit servir à la communauté scientifique. Du point de vue juridique, le droit d’auteur appartient à ses héritiers.

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