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Avec la réforme québécoise, les agences régionales de santé publique verront leur budget réduit de près de 30%. Dans la foulée, de nombreux programmes de promotion ou de prévention de la santé risquent de voir leur financement diminuer, voire disparaître.

De jeunes médecins se portent aujourd'hui à la défense de la santé publique. Entretien avec Catherine Déa, médecin spécialiste en médecine préventive et santé publique et coprésidente de Jeunes médecins pour la santé publique.

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Agence Science-Presse (ASP) — Vous soutenez que les actuelles compressions forment une vision à court terme de la santé publique, pourquoi?

Catherine Déa (CD) — Deux types d’interventions sont possibles en santé publique. D'abord, celles à court terme, comme la protection de la santé de la population contre les maladies infectieuses (Ebola, SRAS, H1N1, etc.) et contre les contaminants environnementaux – on peut penser à l’accident du Lac Mégantic ou à l’incendie de l’entrepôt de BPC à Saint-Basile-Le-Grand. Puis, les interventions touchant la promotion et la prévention de la santé qui donnent des résultats des années plus tard. Ce sont ces dernières qui sont menacées. Elles constituent la partie la moins visible de la santé publique.

ASP — Qui sont les Jeunes médecins pour la santé publique? Quel est votre objectif?

CD – Nous sommes des résidents et des finissants spécialistes en santé publique et en médecine préventive. Quelques autres membres se sont aussi associés à notre cause. Nous nous sommes regroupés en réaction à l’annonce des récentes coupes de 30% en santé publique. Notre objectif vise à dénoncer ces coupes et à faire mieux connaître la santé publique et ses enjeux. Investir en promotion et en prévention de la santé est une solution durable: ça permet de réduire le fardeau des maladies et ça coûte à long terme moins cher.

ASP — En tant que jeunes médecins, qu'est ce qui vous alarme le plus dans le contexte actuel d'austérité?

CD - Nous sommes inquiets des coupes en santé publique, mais celles touchant les services publics, les services communautaires, les écoles et les commissions scolaires nous alarment aussi. Il nous faut avoir une vision globale. L’ensemble des facteurs déterminants en santé publique se trouve en amont, dans les municipalités, les familles et dans les écoles. Ces coupes auront aussi des conséquences sur la santé de la population. Par exemple, les compressions dans les municipalités auront aussi des impacts sur le développement du marché alimentaire de proximité, la planification de pistes cyclables, les projets de jardins communautaires… et des répercussions sur les bonnes habitudes de vie des citoyens et leur santé. C'est d’ailleurs commencé. Alors que le ministre a annoncé des changements pour avril 2015, le système est déjà paralysé.

ASP — Quels sont les déterminants essentiels et la place du gouvernement en matière de santé publique?

CD - La santé publique est une science au carrefour de différents secteurs de la société. Elle dépend, comme le précise l’Organisation de la Santé mondiale la santé, de plusieurs facteurs: le logement (salubrité et accessibilité), l’alimentation (saine et de proximité), l’éducation, le revenu, les milieux de travail, la sécurité des quartiers, etc. Le rôle du gouvernement est de rendre ces services à la population accessibles et de qualité. Dans un contexte où les ressources sont limitées, ces services se doivent d'être efficaces et efficients. Les interventions en santé publique le sont: le retour sur l’investissement est de 5 à 6$ pour chaque 1$ investi. C’est donc le meilleur choix!

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