Et il ne s'agit pas là d'une découverte récente qu’on doit à la déferlante de fausses nouvelles sur Facebook. L’auteur et journaliste Simon Oxenham, qui couvre la psychologie et les neurosciences, rappelle cette semaine dans le New Scientist que dès les années 1940, des chercheurs en psychologie avaient constaté que « plus une rumeur est répétée, plus elle semble plausible ». De leurs collègues avaient aussi testé d’une façon similaire des étudiants américains en 1977 : le simple fait de leur présenter une fausse déclaration une deuxième fois, à quelques semaines d’intervalle, augmentait les chances qu’ils y croient.
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Des résultats à mettre en parallèle avec un nouveau reportage du spécialiste des fausses nouvelles au magazine en ligne BuzzFeed, Craig Silverman: celui-ci écrivait le 6 décembre que « 75% des Américains familiers avec une fausse nouvelle croient qu’elle est vraie ». L’enquête financée par son magazine et réalisée par la firme de sondages Ipsos, consistait à présenter à 3000 personnes, entre les 28 novembre et 1er décembre, un échantillon de vraies et de fausses nouvelles parues quelques semaines plus tôt. En gros, les fausses nouvelles que les participants avaient déjà vu étaient un peu plus susceptibles d’être considérées vraies que celles qu’ils n’avaient jamais vu.
Il s’agit chaque fois de nouvelles qui sont devenues virales sur Facebook, grâce à des sites partisans qui produisaient volontairement de telles fausses informations. Une enquête précédente de BuzzFeed avait révélé que les républicains étaient plus susceptibles que les démocrates de croire à ces fausses informations sans les vérifier. Ce qui tend à se confirmer dans ce sondage : à titre d’exemple, la « nouvelle » publiée pendant la campagne et intitulée « Le pape a endossé Donald Trump » qui avait été la plus partagée sur Facebook de toutes les « nouvelles » de la campagne électorale, a été considérée, dans l’enquête Ipsos, comme étant vraie par 75% des partisans de Trump. Du côté de ceux qui ont voté pour Clinton, la proportion est moins élevée, mais reste tout de même étonnante : 46% ont dit qu’elle était vraie.
Pouvons-nous apprendre à détecter les fausses nouvelles, demande Simon Oxenham. Il croit possible d’apprendre aux gens à développer, par exemple, le réflexe de vérifier la source d’une information avant de publier. Parce que pour l’instant, ça va mal : « en dépit du fait qu’ils grandissent entourés de fausses nouvelles, il y a peu de données qui démontrent que les jeunes ont grandi avec la capacité à les détecter ». Il y a deux semaines, une étude pointait justement du doigt une inquiétante absence de sens critique des adolescents sur Facebook.