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La faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) provoque des remous jusque dans la recherche scientifique. De très nombreuses entreprises émergentes du secteur des technologies, ainsi que des sciences de la vie, dépendaient d’elle.

À commencer par celles installées en Californie, mais pas seulement: en 2022, selon son rapport annuel, la SVB fournissait des services à près de la moitié des firmes de l’ensemble des États-Unis qui sont soutenues par du capital de risque, dans les secteurs des technologies et des sciences de la vie. Un reportage du réseau CBS donne en exemple Viome, qui étudie les causes des maladies chroniques, Folx Health, firme de fourniture de services en santé à la communauté LGBTQ, ou Roku, plateforme de diffusion de vidéos en ligne.

Le 12 mars, le gouvernement américain annonçait qu’il garantirait que tous ceux qui avaient un compte chez SVB pourraient récupérer leur argent. Il en sera de même pour les clients de la Banque Signature, deuxième institution à s’effondrer en fin de semaine. Le gouvernement britannique a fait une annonce similaire en fin de semaine: la vente de la branche britannique de la SVB à un géant bancaire du pays, HSBC, pour une somme symbolique d’une livre.

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Mais dans un reportage de la revue britannique Nature, le directeur d’une entreprise émergente de technologies de capture du carbone, Capture6, dont une partie des fonds étaient chez la SVB, émettait un doute sur ces plans de sauvetage. « Ils prolongent le problème ».

Certes, cela permet dans l’immédiat à ces entreprises, qui sont pour la plupart de petites entreprises, d’avoir accès à leurs fonds pour payer les salaires et les factures. Mais l’étape suivante reste floue, poursuit Ethan Cohen-Cole: les investisseurs vont se montrer plus hésitants à investir dans les petites compagnies en science, incluant celles qui travaillent à des solutions à la crise climatique.

Dans l’immédiat, les États-Unis pourraient être moins à risque que d’autres pays, en raison du grand plan budgétaire voté l’an dernier, l’Inflation Reduction Act, qui prévoit des investissements massifs dans les technologies vertes. Mais ça reste une aide gouvernementale qui, tout comme le plan de sauvetage de cette semaine, ne pourra pas se répéter indéfiniment.

Le secteur de la recherche n’est pas le seul touché: c’est tout le secteur des compagnies émergentes, ou « start-up », qui est particulièrement vulnérable aux perturbations que vit l’économie depuis un an. La hausse des taux d’intérêt a ébranlé certaines banques des États-Unis plus que d’autres, parce qu’elles prêtent à long terme et empruntent à court terme. Mais tout ce qui entoure la recherche, la science et les technologies, représente le plus gros de ce qu’on appelle les « start-up » depuis deux décennies, et elles sont très dépendantes de banques plus à même de prendre des risques que d’autres, et donc plus vulnérables dans la situation actuelle.

Ce n’est pas un hasard si le secteur des cryptomonnaies est lui aussi ébranlé par les derniers événements: Signature, cette banque de New York qui s’est effondrée en fin de semaine après que ses déposants aient essayé de retirer leur argent en masse, avait des liens étroits avec l’industrie de la « crypto ». Et quelques jours plus tôt, le secteur avait déjà été ébranlé par la fermeture de Silvergate Capital, une autre banque décrite comme « sympathique aux cryptomonnaies ». La chute de ces deux institutions, écrivait le Washington Post lundi, est « un choc symbolique et réel pour cette industrie en difficulté ». 

 

Photo: Isriya Paireepairit / Flickr / CC 2.0

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