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Depuis son passage, le « statut » de l’objet céleste Oumuamua reste mystérieux: astéroïde ou comète? Et c’est sans compter ceux qui y avaient vu un vaisseau spatial… Deux chercheurs américains ont proposé en mars une réponse simple, tirée de la physique élémentaire.

L’objet, initialement catalogué comme une comète, puis comme un astéroïde, avait été découvert en octobre 2017, à l’Institut d’astronomie d’Hawaï, alors qu’il était sur une trajectoire qui l’éloignait du Soleil : autrement dit, il s’en était approché à notre insu, et l’élan gravitationnel de notre étoile l’avait renvoyé vers l’espace interstellaire.

Vers l’espace interstellaire, et non vers les confins de notre système solaire, en raison de la vitesse anormalement rapide à laquelle il s’éloignait. C’est précisément ce qui avait amené à conclure, en novembre 2017, qu’il ne s’agissait pas d’un simple corps céleste à orbite longue, mais plutôt d’un « visiteur » qui était arrivé de l’extérieur de notre système solaire —ce qui en faisait une première— et qui en repartait tout aussi vite. Ce qui lui avait valu son nom: Oumuamua, qui signifie « éclaireur » en hawaïen.

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Comme il n’avait été détecté que tardivement —les meilleures photos ne montrent qu’un point flou— il était difficile de corroborer cette théorie. Sa forme allongée —ou, considérant les maigres données à son sujet, ce qu’on croyait être une forme allongée— le mettait aussi dans une catégorie à part: peut-être s’agissait-il bel et bien d’une comète après tout, avec sa longue queue. Mais si tel était le cas, n’aurait-on pas dû détecter des éjections de gaz, résultant du réchauffement de sa surface glacée par le Soleil?

Dans un article publié par la revue Nature, l’astrochimiste Jennifer Bergner et l’astronome Darryl Seligman s’en remettent à la physique pour expliquer l’accélération: s’il s’agit d’une comète, elle est riche en eau; au cours de son très long voyage entre les étoiles, les rayons cosmiques ont peu à peu séparé l’hydrogène, qui s’est retrouvé emprisonné dans l’objet. En passant près du Soleil, la chaleur a libéré ces atomes d’hydrogène, qui ont agi comme un moteur, accélérant la « sortie » d’Oumuamua.

Depuis 2017, un deuxième corps céleste originaire de l’extérieur de notre système solaire a été identifié: la comète 2I/Borisov, en 2019. Dans son cas, on lui a bel et bien détecté une longue queue. Le fait d’en avoir détecté deux en seulement quelques années laisse croire aux astronomes qu’il y a plus de « visiteurs » extraterrestres qu’on ne le soupçonne. Le télescope Vera Rubin, qui doit entrer en fonction au Chili en 2025, pourrait en théorie répondre à cette question et permettre de dire si Oumuamua était ou non une anomalie. Si le modèle proposé par les deux auteurs est exact, ses effets —soit ce « dégazage »— devraient être tôt ou tard observés sur d’autres comètes, écrit l’astronome italien Marco Micheli dans un commentaire accompagnant l’article de Nature.

 

Photo: Oumuamua, au centre du cercle bleu, en 2017, vu par les télescopes VLT (Chili) et Gemini (Hawaï) / K. Meech et al., ESO

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