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Des épaulards attaquent des bateaux depuis 2020 à proximité des côtes du sud de l’Espagne et du Portugal, et suivent une méthode qui laisse croire qu’il s’agit d’un comportement appris.

Quelque 500 interactions ont été recensées depuis mai 2020. Elles semblaient devenir plus fréquentes en juin 2022 selon une étude parue à ce moment et les médias se sont remis à en parler ce printemps. Dans presque tous les cas, il s’agit d’un bateau à voile, qu’un petit groupe d’épaulards approche par l’arrière. Ils frappent le gouvernail à plusieurs reprises et abandonnent dès que le bateau s’arrête. On recense trois cas où « l’assaut » a été suffisamment violent pour que le bateau se retrouve avec un trou dans la coque.

Des interactions entre des pêcheurs et des épaulards, appelés aussi orques, remontent à l’Antiquité : de nombreux récits font état de filets de pêche déchirés ou de collisions volontaires avec des bateaux. Mais ce sont chaque fois des épisodes isolés. Ce qui attire l’attention cette fois, c’est la répétition de ces rencontres.

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Les témoignages laissent supposer qu’un des épaulards commence l’attaque, et que les autres l’imitent ensuite. Ce qui suggère une chaîne d’apprentissages qui auraient pu commencer en mai 2020 et être transmis depuis, d’un individu à l’autre ou d’un groupe à l’autre.

L’épaulard est au sommet de la chaîne alimentaire et peut aller jusqu’à chasser le requin, mais il n’a jamais été considéré dangereux pour l’humain. L’espèce qui habite cette région de l’Atlantique au printemps et à l’été est sur la liste des espèces menacées.

L’un des auteurs de l’étude de 2022 n’est même pas convaincu qu’on puisse parler « d’agression » dans le cas de ces « interactions » avec les bateaux. « Nous savons que c’est un comportement complexe qui n’a rien à voir avec l’agression », affirme le biologiste portugais Alfredo López Fernandez. Chose certaine, aucun humain n’a été tué.

S’il s’agit bel et bien d’un comportement « transmis » —en d’autres termes, d’un épaulard qui en imite un autre— les hypothèses vont d’un premier épaulard qui, en 2020, aurait été pris dans un filet de pêche et aurait cherché à s’en libérer en attaquant le bateau, à un premier jeune épaulard…  qui aurait voulu jouer. « Ce sont des animaux incroyablement curieux et joueurs et ce pourrait être davantage un comportement de jeu qu’un comportement agressif », renchérit la biologiste et experte en orques Deborah Giles, de l’Université de Washington.

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