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Il a fallu plus de deux décennies aux recherches sur l’ARN pour aboutir au vaccin à ARN qui a sauvé des millions de vies pendant la pandémie. Mais l’attribution du Nobel de médecine à ce travail qui avait commencé dans les années 1990, a relancé les spéculations: quelle sera la prochaine percée pour cette technologie?

En théorie en effet, la capacité d’introduire de l’ARN dans une cellule, qui est ce qui valu le Nobel à Katalin Karikó et Drew Weissman, pourrait servir autant à combattre des maladies infectieuses que des cancers. Le principe de base étant d’envoyer à notre organisme les « instructions » nécessaires —par l’intermédiaire de ce qu’on appelle l’ARN messager— pour que le système immunitaire attaque efficacement un « ennemi » —et cet ennemi pourrait être, toujours en théorie, un virus ou une tumeur. 

L’ARN messager est une longue molécule qui est en fait un « code génétique »: celui-ci, une fois qu’il a été « lu » par notre ADN, sert à produire des protéines pour toutes sortes d’usages dans notre corps —le système immunitaire étant celui de ces usages qui intéresse à présent les chercheurs. 

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Certes, entre un virus et une tumeur, il y a une marge, mais ce n’est pas pour rien que les biochimistes observent avec attention les avancées des vaccins à ARN: ceux-ci  pourraient être développés plus vite que les vaccins traditionnels, dès lors que l’on identifierait quelles « instructions » précises envoyer à nos protéines —c’est d’ailleurs là que le cancer risque de s’avérer être une cible plus complexe, parce que les cellules cancéreuses subissent plusieurs mutations.

En attendant toutefois, la malaria et la grippe sont d'ores et déjà les premières cibles des développeurs de vaccins à ARN. Des essais cliniques pour un tel vaccin contre la malaria —maladie causée par un parasite transmis par un moustique— ont commencé à la fin de 2022. La firme BioNTech —qui était le partenaire de Pfizer pour un des vaccins à ARN contre la COVID— est derrière ce potentiel vaccin anti-malaria. Des essais sur des animaux ou des cellules ont eu lieu ou sont en cours autour des virus responsables du sida (VIH) ou du zika chez Moderna, l’autre firme responsable d’un des vaccins à ARN contre la COVID. Et un premier essai clinique d’un vaccin anti-cancer a débuté en juillet. 

La grippe est un cas à part: traditionnellement, il faut des mois pour développer la variété du virus qui sera introduite dans le vaccin annuel contre la grippe, et pour cela, les chercheurs doivent parier, en cours d’année, sur ce qui sera la souche la plus répandue l’hiver suivant. C’est ce qui explique que l’efficacité de ce vaccin varie considérablement, d’une année à l’autre. En comparaison, un vaccin à ARN contre la grippe pourrait être produit en un mois, si on parvenait dès septembre à avoir une idée juste de la souche à cibler. 

Mais il y a d’autres obstacles: certains de ces vaccins nécessiteront un entreposage à très basse température. Leur durée de vie sera plus limitée que celle d’un vaccin traditionnel, nécessitant donc des campagnes de vaccination plus courtes, ou plus ciblées. Enfin, avec certains virus —comme ce fut le cas avec la COVID— le vaccin pourra se permettre d’envoyer des instructions destinées à cibler une protéine en particulier. Mais pour d’autres, comme le VIH, on n’a jamais trouvé, en deux décennies de recherche, la protéine parfaite pour déclencher une réaction immunitaire efficace. Les prochaines percées dépendront donc de la façon dont on contournera ces obstacles —si on les contourne. 

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