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Une mauvaise vision de près peut réduire grandement la productivité des travailleurs souffrant de presbytie et affecter leurs revenus. Or, selon une nouvelle étude, il serait possible d’améliorer leur situation économique… en leur offrant des lunettes.

Avec un salaire moyen d’aussi peu que 35 à 50 $ par mois, des lunettes de 1,50 $ la paire demeurent un luxe dans plusieurs pays en voie de développement, peut-on lire dans un article du New York Times. Au Bangladesh, où la recherche a été menée, seulement 3,2 % des personnes souffrant de presbytie ont accès à des lunettes correctrices. 

Les chercheurs ont donc recruté 800 adultes âgés de 35 à 65 ans et atteints de presbytie. L’échantillon comprenait des travailleurs occupant des emplois sollicitant plus particulièrement la vision de près, comme des cueilleurs de thé, des tisserands et des couturières. La moitié du groupe a ensuite reçu des lunettes gratuitement.

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Au début de l’étude, l’ensemble de ces personnes gagnaient un revenu mensuel moyen de 35,30 $. Huit mois plus tard, le revenu de ceux qui avaient reçu des lunettes avait augmenté à 47,10 $ alors que celui du groupe contrôle —les gens restés « sans lunettes »— était demeuré le même.

Ces résultats confirment ceux d’une autre étude réalisée en 2018 sur l’impact économique des problèmes de vision. L’article qui avait alors été publié dans la revue médicale The Lancet avait noté une hausse de 22 % de la productivité chez les personnes presbytes qui avaient accès à une paire de lunettes.

L'absence de lunettes, une source d’inégalité

La difficulté à voir de près est le principal problème de vision à travers le monde. La presbytie se manifeste naturellement vers 40 ans et progresse jusqu’à 55 ans.

Selon une analyse réalisée en 2018, 826 millions de personnes vivent avec un tel problème de vision qui n’est pas corrigé et qui les empêche d’accomplir leurs tâches quotidiennes. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime d’ailleurs à 411 milliards $ US la perte de productivité associée aux déficiences visuelles.

À l’échelle mondiale, à peine 36 % des personnes atteintes d’une déficience visuelle ont accès à une paire de lunettes. Dans plusieurs régions d’Afrique, ce sont 80 % des problèmes de vision de près qui ne sont pas pris en charge, comparativement à seulement 10 % en Amérique du Nord, en Australasie, en Europe occidentale et en Asie-Pacifique.

La presbytie affecte les activités de la vie quotidienne comme lire, écrire, cuisiner, utiliser un téléphone cellulaire, coudre, jardiner ou reconnaître les pièces de monnaie. Le simple fait de remettre des lunettes aux gens souffrant de problèmes de vision peut donc avoir un impact important sur leur vie. De plus, à moins de 2 $ la paire, il s’agit d’une démarche peu coûteuse, du point de vue de l’aide internationale. L’OMS estime d’ailleurs que pour répondre aux besoins en matière de déficience visuelle à travers le monde, il en coûterait seulement 25 milliards de dollars. Il s’agit de l’une des interventions de santé les plus « rentables ».

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