Homéopathie

Contrairement à la croyance populaire, l’homéopathie ne fonctionne pas. Les scientifiques le répètent depuis longtemps et la dernière grande analyse, (et la plus complète) publiée l’an dernier en Australie, le démontre encore une fois.


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Lorsque l’état du patient s’améliore, c’est en raison de l’évolution naturelle de la maladie (par exemple, un rhume se guérit tout seul en quelques jours) ou de l’effet placebo (le simple fait d’avoir reçu un traitement donne confiance au patient et son état s’améliore pour vrai).

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Malgré l’absence de preuves scientifiques démontrant leur efficacité, des milliers de médicaments homéopathiques sont vendus en pharmacie.

Santé Canada, le ministère qui réglemente la vente des médicaments et des produits de santé naturels au Canada, a en effet autorisé 8500 produits homéopathiques différents depuis l’entrée en vigueur de la réglementation en 2004.

Cette réglementation créait ainsi un processus d’autorisation distinct, fait « sur mesure » pour les produits de santé naturels ou homéopathiques.

Beaucoup de gens l’ignorent, mais le processus d’autorisation des produits homéopathiques est beaucoup moins exigeant que celui des médicaments standard, en particulier en ce qui concerne les preuves d’efficacité qui doivent être fournies par les fabricants.

Avant d’obtenir une approbation, les fabricants de médicaments « standard » doivent en effet fournir des études cliniques — des essais menés sur des humains — qui démontrent que leur produit est plus efficace qu’un placebo. Ils doivent aussi étudier les effets secondaires du produit et les indiquer sur la boîte.

Les fabricants de produits homéopathiques, eux, n’ont pas à fournir d’études scientifiques prouvant l’efficacité de leurs produits avant de les commercialiser. Il leur suffit de démontrer que les allégations relatives à la santé (l’action prétendue du produit) figurent dans les livres de référence utilisés en homéopathie. Ces manuels sont écrits… par des experts en homéopathie !

Autrement dit, si les homéopathes prétendent qu’un produit est efficace, cela constitue une preuve suffisante ! Le ministère canadien de la Santé précise d’ailleurs lui-même sur son site que les produits homéopathiques « ne sont pas appuyés par des preuves scientifiques. »

Dans un reportage diffusé l’an dernier à CBC, l’équipe de l’émission Marketplace a voulu démontrer à quel point ces exigences sont peu élevées en demandant une autorisation pour un produit homéopathique fictif. Les seules preuves « d’efficacité » soumises par Marketplace étaient quelques pages photocopiées dans un vieux manuel d’homéopathie (datant de 1902) trouvé à la bibliothèque ! Cela a suffi pour obtenir une autorisation de Santé Canada.

Bientôt, de nouvelles règles

Cet été, Santé Canada resserrera les règles d’étiquetage pour certains produits homéopathiques.

Dès juillet 2016, certains produits homéopathiques pour enfants ne pourront plus afficher d’allégations de santé sur le soulagement de la toux, du rhume ou de la grippe, sauf si ces allégations sont appuyées par des preuves scientifiques. Sans preuves, un produit destiné aux enfants de moins de 12 ans pourra donc toujours être vendu, mais ne pourra plus afficher de phrases comme « Soulage le mal de gorge » ou « Soulage efficacement les symptômes du rhume » sur son emballage.

L’industrie des produits homéopathiques s’oppose à ces nouvelles normes d’étiquetage et invite ses clients à protester contre cette nouvelle mesure.

En attendant, les critiques de l’homéopathie trouvent que cette législation ne va pas assez loin. « Pourquoi de fausses allégations seraient-elles acceptables pour les produits pour adultes [si elles ne le sont pas pour des enfants] ? » demandait l’été dernier Joe Schwarcz, de l’Organisation pour la Science et la Société de l’Université McGill, cité dans le National Post. Bonne question.

P.S.: Si vous avez le rhume, le blogue du Pharmachien propose une bande dessinée sur le rhume pour connaître les remèdes qui marchent (et ceux qui ne marchent pas). Dans une autre bande dessinée éclairante, le Pharmachien aborde aussi le marketing douteux des médicaments en vente libre.

 

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