
À Washington, la liste des mots interdits s’allonge : le ministère de l’Énergie a ajouté « changements climatiques », « décarbonation » et même « vert ». Des mots à éviter autant dans les recherches scientifiques qu’il encadre que dans ses communications internes et externes.
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« Veuillez vous assurer que tous les membres de votre équipe sont conscients qu’il s’agit de la plus récente liste des mots à éviter —et qu’ils continuent d’éviter consciencieusement toute terminologie dont vous savez qu’elle n’est pas alignée avec les perspectives et les priorités de l’administration », lit-on dans une directive envoyée par courriel aux employés le 26 septembre, et dont le magazine Politico a obtenu copie.
Ironiquement, ce courriel a été envoyé aux employés d’un département du ministère appelé l’Office of Energy Efficiency and Renewable Energy. Celui-ci a été créé dans les années 1970, en réaction à la crise du pétrole déclenchée en 1973 par les pays producteurs du Moyen-Orient, et qui avait entraîné une hausse fulgurante des prix de l'essence.
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Il faut ainsi éviter d’utiliser le mot « émissions », comme dans émissions de gaz à effet de serre, pour éviter l’implication qu’elles sont une mauvaise chose. Il faut éviter des expressions comme « transition énergétique », « empreinte carbone » ou « énergie propre ».
La guerre au vocabulaire scientifique avait déjà produit, en début d'année, de telles listes dans d’autres secteurs du gouvernement, conduisant ainsi à l’annulation de millions de dollars en subventions de recherche, y compris des subventions qui avaient pourtant été déjà approuvées par la National Science Foundation ou les National Institutes of Health, les deux principaux organismes subventionnaires de la recherche aux États-Unis.
Quant au ministère de l’Énergie, sous la direction d’un fidèle de la nouvelle administration, Chris Wright, il a annoncé ces derniers mois des coupes qui étaient prévisibles —notamment l’annulation de 13 milliards$ qui étaient destinés à des projets d’énergie renouvelable. Wright a également critiqué, à l’instar du président Trump, l’utilité des éoliennes et du solaire, tout en soutenant les entreprises de carburants fossiles. Son ministère a publié en juillet un rapport prétendant évaluer le « narratif » des changements climatiques, qui s’est avéré contenir des dizaines de références où on faisait dire à des chercheurs ce qu’ils n’avaient jamais dit.
C’est jusqu’à la tribune des Nations unies que, la semaine dernière, le président Trump a qualifié « d’arnaque » les énergies renouvelables et « d’escroquerie » les changements climatiques. Les investissements mondiaux dans les énergies vertes continuent pourtant d’augmenter d’année en année, et ont atteint les 386 milliards$ pendant les six premiers mois de 2025, selon la firme Bloomberg, en hausse de 10% par rapport à la même période de 2024.