La plupart de ces projets sont « à l’étude », ce qui signifie que certains ne seront peut-être jamais adoptés. Une trentaine l’ont toutefois d’ores et déjà été, dans 12 États, dont 26 sont spécifiquement antivaccins.

L’agence de presse Associated Press, qui a réalisé cette compilation, souligne que plusieurs de ces projets de loi s’inscrivent dans la même tendance qui, depuis l’élection de Donald Trump, consiste à s’attaquer à des faits solides en santé publique —comme la sécurité des vaccins. Ces projets de loi sont souvent défendus par « des gens qui ont des liens étroits » avec le ministre de la Santé Robert F. Kennedy Jr.

Ainsi, dans le cas du lait, c’est plus précisément le lait cru qui est ciblé: des projets de loi qui en autoriseraient la vente dans les commerces sont à l’étude dans quelques États. Rappelons que depuis des décennies, la pasteurisation du lait a permis de réduire les risques de transmission de maladies et sauvé des millions de vies. Mais aux États-Unis, un mouvement marginal dont Kennedy s’était fait le défenseur, défend la vente de « lait cru » au nom de la liberté de choix. 

La question est devenue particulièrement épineuse en 2024, lorsque le virus de la grippe aviaire (H5N1) a commencé à circuler dans des fermes laitières aux États-Unis. 

Pour sa recherche, l’Associated Press a passé en revue plus d’un millier de projets de loi déposés dans les 50 États depuis le début de 2025. De ce nombre, 350 peuvent être qualifiés « d’antivaccins », ce qui en fait le plus gros bloc. Ils vont parfois prétendre lutter contre la « discrimination » des non-vaccinés, ou autoriser un employé à refuser une obligation de vaccination de son employeur, ou même  « criminaliser » un effet secondaire d’un vaccin. 

Les vaccins à ARN, qui ont contribué à la lutte contre la COVID, sont souvent ciblés.

Les 70 autres projets de loi tournent autour de la vente de lait cru ou de l’interdiction de la fluoration de l’eau. 

Ces dernières années, d’autres compilations du même genre avaient démontré qu’il y avait derrière ces projets de loi des groupes militants nationaux qui, souvent, rédigeaient eux-mêmes une première version de la loi. Résultat, les législateurs dans certains États ne se cachent pas d’avoir suivi un « modèle »: par exemple, deux projets de loi différents au Minnesota désignent les vaccins à ARN comme des « armes de destruction massive ». 

Ces militants se réjouissent aussi d’avoir pour eux un vent favorable, et ça avait commencé bien avant l’élection de Trump. Un des groupes antivaccins le National Vaccine Information Center (NVIC), rapporte qu’en 2015, il s’opposait à six fois plus de projets de loi qu’il n’en soutenait. L’an dernier, il en a soutenu deux fois pllus que ceux auxquels il s’opposait. La COVID a été, pour beaucoup de ces groupes, une opportunité pour créer des coalitions et élargir leur portée. 

Leur argumentaire est toujours la défense d’une meilleure santé, mais surtout, d’une santé « naturelle ». Un des groupes, Weston Price, qui mène une campagne en faveur du lait cru, l’appelle le « vrai lait », et ajoute qu’il guérit de l’asthme et des allergies. 

En Floride, le ministère local de la Santé a identifié en août 21 personnes malades, dont six enfants, à cause de la consommation de lait cru contaminé. En réaction, le directeur local de la santé publique, Joseph Ladapo —un fidèle de Donald Trump— a déclaré qu’il soutenait la « décision » des gens de consommer du lait cru. Il avait par ailleurs annoncé le 3 septembre son intention de faire en sorte que plus aucun vaccin ne serait un jour obligatoire en Floride.