
Les protéines sont partout : influenceurs et autres gourous recommandent d’en avaler davantage, en vertu de la prétention (erronée) selon laquelle nous serions tous en déficit de protéines. Or, cette croissance semble accroître la consommation de viande.
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En 2024, six Américains sur 10 ont augmenté leur consommation de protéines, selon le géant de l’agroalimentaire Cargill. Cela se traduirait par davantage de boeuf, de poulet et d’oeufs dans les assiettes.
Or, davantage de viande, spécialement la viande de boeuf, signifie davantage de gaz à effet de serre et davantage de déforestation pour donner des pâturages à ces animaux. Autrement dit, la course aux protéines, qui part d’une bonne intention, risque de se révéler néfaste pour l’environnement.
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C’est en même temps le résultat d’une méconnaissance: 90% des adultes des États-Unis associent —incorrectement— la consommation de viande avec l’apport en protéines, alors qu’on trouve des protéines dans quantité de produits végétaux. Le risque, note un récent reportage du magazine Newsweek, est donc que « les gens qui contrôlent ce qui s’en va dans les menus et quelle nourriture est servie, feront la même supposition, à savoir que puisqu’il y a un mouvement pro-protéines, les gens vont juste vouloir de la viande ».
Le bon côté des choses, nuance Eve Turow-Paul, qui dirige un organisme voué à la promotion de choix alimentaires « bons pour le climat », c’est que les sondages récents révèlent aussi que 40% de la population associe correctement les haricots, les pois et les lentilles, à un apport élevé en protéines. Et l’abondance de recettes sur YouTube en ferait foi, poursuit la directrice du Food for Climate League. Ces chiffres lui suggèrent que même si les cercles plus conservateurs et surtout pro-Trump font la promotion, par les temps qui courent, d’un régime à base de viande, un grand nombre d’Américains sont plus « dans le milieu »: ce sont ceux qui se font des salades de lentilles à la maison ou achètent des barres protéinées.
C’est depuis au moins une décennie qu'un certain marketing insiste pour nous convaincre qu’on a besoin de plus de protéines. Toutefois, c’est un mythe: le déficit en protéines est excessivement rare dans les pays riches. À preuve, selon Santé Canada, près de 100 % des adultes canadiens en consommeraient une quantité suffisante.
Pour la population en général, notait le Détecteur de rumeurs en 2017, la « consommation quotidienne de référence » est de 0,8 g de protéines par kg de poids corporel par jour. En-dehors de la viande, les bonnes sources de protéines sont les légumineuses, le tofu, le tempeh, les noix, les graines, les produits laitiers. On en trouve aussi dans les céréales et les légumes.