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Depuis la fin du mois de mars, le virus de la grippe aviaire s’est propagé dans de nombreuses fermes laitières américaines. Le lait, s'est-on immédiatement demandé, pourrait-il servir d’intermédiaire pour transmettre ce pathogène aux humains? 

C’est en effet officiel depuis le 25 mars: plusieurs organisations des États-Unis ont confirmé la présence du virus, le H5N1, chez des vaches laitières. Qui plus est, selon des experts interrogés par la chroniqueuse Zeynep Tufekci du New York Times, les premières éclosions ont probablement commencé dès le mois de février. Ce qui pose des questions sur les lacunes dans la surveillance. 

En date du 30 avril, les données des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) révélaient que 36 troupeaux dans neuf États étaient touchés par une éclosion. Par ailleurs, dans une mise à jour de la situation le 1er mai, l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) rapportait qu’un échantillon de lait sur cinq contenait des fragments du virus. 

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Ceux-ci avaient été détectés grâce à des tests PCR qui ne permettaient pas de savoir si le virus était toujours infectieux. C’est pourquoi des tests supplémentaires ont été réalisés en inoculant des œufs avec des échantillons de lait. Le 1er mai, la FDA a confirmé qu’aucun virus vivant n’avait été détecté dans les échantillons testés et que la pasteurisation semblait suffisante pour inactiver le virus. Le lait sur les tablettes demeure donc sécuritaire pour la consommation humaine. La FDA recommande toutefois de ne pas consommer de lait cru.

La situation au Canada

Il faut se rappeler que ce virus est transporté par des oiseaux migrateurs. Cela signifie que les vaches d’autres pays pourraient également être infectées, expliquait Wenquing Zhang, responsable du programme mondial de lutte contre la grippe de l’Organisation mondiale de la santé, dans un article publié le 1er mai sur le site de l’Organisation des Nations unies.

Pour l’instant, rien n’indique que des vaches canadiennes ont été infectées par le virus H5N1, soulignait le 29 avril Nitish Boodhoo, de l’Université de Guelph (Ontario). Par ailleurs, dans un article de La Presse, le journaliste Mathieu Perreault rapportait le 27 avril que les autorités canadiennes n’envisagent pas pour le moment de tester le lait pasteurisé, puisqu’aucune vache canadienne n’a reçu un résultat positif au virus H5N1. Dans un communiqué publié le 3 mai, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) modifiait toutefois cette position et annonçait qu'elle élargirait le dépistage chez les bovins et exigerait que les vaches en lactation importées des États-Unis obtiennent un résultat négatif au test de dépistage du virus de la grippe aviaire.  

Avant cette date, l'ACIA avait demandé aux vétérinaires canadiens de tester les vaches dont la production aurait diminué dernièrement de façon anormale. C’est en effet de cette façon que les premières vaches américaines infectées ont été identifiées.

Peu de risques pour les humains

Reste que, selon Nitish Boodhoo, beaucoup de questions demeurent en suspens. Les experts ne savent toujours pas comment les vaches américaines ont été infectées et si le virus s’est transmis directement de l’une à l’autre. Plusieurs hypothèses sont sur la table, rapportait Zeynep Tufekci : par exemple, le virus pourrait s’être propagé via les équipements de traite ou par la nourriture qui est parfois composée de restants de litière de poules. 

Tufecki reproche aux autorités américaines leur lenteur à mettre en place une campagne de dépistage, devant un virus apparemment capable de se répandre très vite. La grande inquiétude étant : les vaches pourraient-elles jouer le rôle d’intermédiaire entre les oiseaux et les humains? Depuis 1997 qu’on surveille de près cette grippe H5N1, les cas chez des humains ont été très rares: moins de 900 entre 2003 et 2023. Mais le taux de mortalité a été chaque fois très élevé. Dans le cas de la présente éclosion, en date du 30 avril, le CDC a identifié un seul cas de transmission du virus, à la suite de l’exposition d’un producteur laitier à une vache infectée. Celui-ci n'a eu qu'une infection sans gravité. 

Le CDC estime à ce sujet que le risque pour la santé publique est faible. C’est également la conclusion de l’OMS à la suite de son évaluation des risques pour la santé humaine.

 

Ce texte a été modifié le 3 mai pour ajouter les nouvelles ligne directrices de l'ACIA (6e paragraphe). 

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