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Avec la vague de coupures à des fins idéologiques, peut-on se fier aux données affichées par les sites gouvernementaux américains? La question se pose alors que, dans certains cas, des milliers de pages web sont carrément disparues; ailleurs, des programmes de collecte de données ont été interrompus; et ailleurs encore, des données ont été carrément modifiées. 

Des estimations publiées en février faisaient état de 8000 pages web supprimées —temporairement ou définitivement. Mais ce qui est impossible à estimer, c’est le nombre de bases de données qui ont été modifiées parce que quelqu’un, au sein du gouvernement, a jugé que cela entrait en conflit avec les nouvelles politiques. Par exemple, des données statistiques sur la santé ou le travail qui étaient ventilées en fonction du sexe, et qui prévoyaient une ligne pour les personnes transgenre. 

De plus, des problèmes vont inévitablement surgir, résume Talking Point Memo (TPM), un média en ligne spécialisé dans la politique américaine. Le démantèlement partiel ou complet de départements ou d’agences signifie en effet qu’on a interrompu une compilation de données qui était effectuée en continu depuis des années, ou que celle-ci ne sera pas reprise en 2026. On pense à l’Agence pour le développement international (USAID) qui a été pratiquement réduite à néant, au Centre national des statistiques sur l’éducation ou à celui sur la santé et la sécurité au travail  (National Occupational Research Agenda). La mise à pied en août, par le président Trump, de la commissaire Erika McEntarfer, du Bureau des statistiques du travail, parce que le président n’avait pas aimé les dernières statistiques mensuelles sur la création d’emplois, ne rassure pas sur l’indépendance des prochaines publications. 

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Parmi les données problématiques sur la science et la santé recensées par TPM

  • Sur le sida, des données récoltées depuis les années 2000 dans le cadre de l’initiative américaine PEPFAR (President's Emergency Plan for AIDS Relief) pour combattre le sida en Afrique, ont été retirées du web
  • De même, des données récoltées depuis 1987 sur la santé des femmes enceintes ont été retirées, dans la foulée de l’élimination d’un programme de suivi des risques associés aux grossesses et aux naissances. C’est le seul programme national du genre, alertait en avril l’École de santé publique de l’Université Harvard.  
  • Sur le climat, des pages web ont été retirées dès janvier 2025 des sites gouvernementaux parce qu’elles comportaient les mots « changements climatiques », sous le prétexte d’une « révision ». Des agriculteurs qui disaient avoir besoin de ces données dans le cadre de leur travail, ont poursuivi le ministère de l’Agriculture, qui a annoncé en mai qu’elles étaient à nouveau en ligne. Plusieurs de ces pages comportent toujours un avertissement comme quoi elles sont toujours « en révision ». 
  • Selon un mémo du ministère de l’Agriculture obtenu en mars par des journalistes, une liste de 110 « mots interdits » comportait, en plus de « changements climatiques », l’expression safe drinking water —ou « eau potable ».  
  • L’Agence de protection de l’environnement a annoncé l’interruption des mises à jour de son calculateur des émissions de gaz à effet de serre, un outil pourtant décrit comme très populaire 
  • Des données sur « la race et l’ethnicité » en emploi ont été retirées de la base de données du Bureau de gestion des employés fédéraux
  • L’agence responsable du suivi des accidents de travail et de la santé au travail (National Institute for Occupational Safety and Health) a été en bonne partie éliminée
  • Le ministère de la Justice a retiré en septembre de son site une étude de 2024 qui établissait que la violence politique meurtrière était beaucoup plus souvent le fait d’extrémistes de droite: ceux-ci ont causé sept fois plus de morts entre 1990 et 2023 que les extrémistes de gauche (520 contre 78). L’étude peut encore être trouvée grâce au service à but non lucratif WebArchive. Le retrait de cette étude est survenu quelques jours après l’assassinat de l’influenceur républicain Charlie Kirk. 
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