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Il y a bien longtemps qu’on dit aux scientifiques qu’ils devraient mieux communiquer (voir La science a un gros problème de relations publiques). Mais aujourd’hui, ce n’est plus juste pour diffuser des connaissances : c'est pour bâtir une relation de confiance avec le public.

Diffuser des connaissances, n’importe quel bon vulgarisateur peut le faire —encore que le déclin des journalistes scientifiques dans les grands médias pose des problèmes inédits. Mais bâtir de la confiance, cela nécessite « que les chercheurs changent leurs pratiques », écrivait Nature en éditorial le 1er juillet.

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Et ce n’est même pas parce que le climategate aurait érodé cette confiance : les sondages tendent plutôt à révéler que cette pseudo-crise n’a pas changé l’opinion des gens à l’égard des changements climatiques; leur appui avait déjà commencé à reculer deux ou trois ans auparavant.

Coïncidence, en même temps que Nature publiait cet éditorial, accompagné d'un reportage (An erosion of trust?), l’Académie américaine des arts et science tenait à Washington, le 29 juin, un colloque qu’elle présentait ainsi :

Alors qu’une grande attention a été accordée au renforcement de l’enseignement des sciences, moins d’efforts ont été consacrés à aider les chercheurs à comprendre ce qui se cache derrière la réponse du public aux avancées et aux découvertes. Les préoccupations du public peuvent ne pas venir seulement de l’ignorance, mais aussi d’inquiétudes légitimes.

En vue de cette initiative, mon collègue, le journaliste Chris Mooney, avait été appelé à pondre une étude : Est-ce que les scientifiques comprennent le public? Et sa réponse, on s’en doute, est Non :

[ Les scientifiques ] présument que si seulement leurs concitoyens en savaient plus sur la science (...) une relation plus saine entre la science et le public émergerait. Pourtant, il y a une autre possibilité : peut-être que les scientifiques comprennent mal le public et échouent à le rejoindre, en partie à cause de leurs propres manies, préjugés et comportements.

(...) Un public plus informé scientifiquement, n’est pas nécessairement la même chose qu’un public qui rencontre les scientifiques plus souvent. Peut-être est-il nécessaire d'avoir un public plus familier avec la science, plus en confiance à l’égard des scientifiques, plus souvent impliqué par la communauté scientifique dans des sujets potentiellement controversés; et surtout, plus impliqué avant que de véritables conflits n’apparaissent.

Dit comme ça, ça tombe sous le sens. Mais en même temps, il y a un peu de naïveté derrière cette recommandation. Non seulement existe-t-il des sujets où la possibilité d’un dialogue avec une frange du public semble utopique —le mouvement anti-vaccination est le premier exemple qui vient à l’esprit— mais il y a déjà beaucoup de scientifiques blogueurs anglophones qui font ces tentatives de rapprochement. Et, malheureusement, plusieurs ont appris à la dure combien certains de leurs lecteurs ne veulent absolument pas dialoguer.

Autrement dit, la naïveté que Chris Mooney reproche aux scientifiques (éduquez le public, et il va tout comprendre), est un piège dans lequel il serait facile de tomber à nouveau (ouvrez un dialogue avec le public, et il dialoguera). Comment éviter ce piège?

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