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Comme dans tous les domaines, il y a quelques «stars» dans les neurosciences cognitives. S’il fallait par exemple en nommer une dans le domaine de la recherche sur la conscience en France, le nom de Stanislas Dehaene vient spontanément à l’esprit.

D’abord parce qu’une star est à la fois reconnue dans son domaine et connue d’un large public. Dehaene remplit les deux conditions avec ses nombreuses publications scientifiques et ses livres de vulgarisation de ses travaux comme Les neurones de la lecture ou son petit dernier Le code de la conscience (premier lien ci-bas).

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Ensuite parce que comme les rock stars de ce monde, il joue souvent à guichet fermé. C’est le cas de sa conférence au Cœur des Sciences de l’Université du Québec à Montréal de jeudi prochain qui affiche déjà complet (deuxième lien ci-bas).

Et finalement, quand on commence à avoir des «produits dérivés» sur son compte, c’est que là, vraiment, c'est la consécration! Et c’est encore le cas pour Dehaene qui faisait l’objet, la semaine passée, d’une sympathique BD expliquant certaines de ses expériences (troisième lien ci-bas).

Rien de complètement nouveau au cœur de cette «tournée québécoise» du chercheur (dont le crâne rasé évoque celui du chanteur de l’ancien groupe australien Midnight Oil, on suit la métaphore ou on la suit pas…). Mais sans doute bien des expériences fascinantes qui demeurent méconnues même si elles déboulonnent des siècles de dualisme cartésien. Car si dualisme il y a, ce n’est pas entre un esprit immatériel et un cerveau matériel, mais simplement entre un traitement rapide, inconscient et constant d’une multitude d’informations par des régions spécialisées du cerveau d’une part; et d’autre part, un accès plus lent et conscient à une information sélectionnée dans un espace de travail neuronal pour sa pertinence vis-à-vis d’une situation vécue par le sujet. Bref, ce que certains appellent les processus duaux.

Et l’on peut, comme l'a fait Dehaene, en jouant sur le temps de présentation d’un stimulus visuel par exemple, enregistrer un «étouffement» ou un «embrasement» d’activité nerveuse dans les assemblées de neurones qui correspondent à la perception consciente ou pas rapportée par le sujet. Et même sans la moindre stimulation extérieure particulière, nous avons des pensées conscientes qui s’enchaînent spontanément et auxquelles correspond un certain type d’activité nerveuse, celle du mode par défaut de notre cerveau par exemple, comme l’ont montré d’autres laboratoires.

Car comme pour un concert rock où la star est appuyée par les autres musicien.nes de son groupe, par l’équipe technique de sonorisation, d’éclairage, etc., de même une star des sciences cognitives ne serait rien sans son équipe et la communauté scientifique qui discute et critique sans relâche les modèles proposés. Et dans le cas du cerveau, il y a encore de beaux riffs d’EEG, de MEG ou d’IRMf à apprécier et à décoder! S’cusez-la…

Les liens:

La conscience (dé)-codée de Stanislas Dehaene

Le code de la conscience, une conférence de Stanislas Dehaene

Le cerveau ne peut pas faire deux choses à la fois

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