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La lecture des sources qui font autorité sur le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) révèle des divergences sur nombre de points essentiels. On note des variations importantes qui ne s’expliquent pas en termes médicaux quant aux taux de prévalence de ce syndrome. Aux États-Unis, les Centres de contrôle et de prévention des maladies ont établi la fréquence du TDAH parmi les enfants d’âge scolaire à 11 %, contre environ 3 % en France. Au Nevada, 5,6 % des enfants de ce même groupe d’âge ont reçu un diagnostic de TDAH, contre 18,7 % au Kentucky ; on note des taux semblables dans plusieurs États du sud.

Les recommandations de traitement varient selon les pays. Les autorités sanitaires britanniques réservent les médicaments aux cas les plus graves et privilégient les approches non pharmacologiques pour les cas légers et modérés. Aux États-Unis, l’American Academy of Pediatrics recommande les médicaments comme traitement de première ligne pour les enfants de six ans et plus ; peu d’enfants reçoivent des thérapies non médicamenteuses. Les Lignes directrices canadiennes préconisent une approche multimodale, qui comprend nécessairement l’utilisation de médicaments accompagnée de stratégies non pharmacologiques.

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Selon différentes sources, la durée du TDAH (son maintien à l’âge adulte) connaît des variations allant de 5 à 100 %. Une organisation américaine influente (CHADD,) qui a des antennes au Canada, estime que le TDAH serait un diagnostic à vie ; les Lignes directrices canadiennes évaluent que le TDAH persiste chez 60 % des adultes ; l’analyse de plusieurs études soutient que le TDAH persiste jusque dans la vingtaine chez 16 % des sujets ; enfin, une étude récente, relativement bien faite, ayant suivi les participants de la naissance jusqu’à l’âge de 38 ans, soutient que 5 % des enfants ayant décroché le diagnostic le maintiennent à l’âge adulte. En outre, les symptômes des adultes diffèrent des symptômes caractéristiques du TDAH chez les enfants.

La littérature présente bien d’autres contradictions en ce qui a trait aux taux de réponse aux médicaments, aux rapports garçons/filles, au caractère héréditaire du TDAH, etc. Nous sommes davantage dans la croyance et l’opinion que dans la science.

La pointe de l’iceberg

Les symptômes d’inattention, d’impulsivité et d’hyperactivité représentent la partie visible de l’iceberg. La plupart du temps – jusqu’à 9 fois sur dix – ils peuvent être engendrés par une foule d’autres problèmes.

Les médicaments ne guérissent pas. Aucun argument ne permet de suggérer que le traitement médicamenteux « puisse influencer la problématique de fond » et « aucune amélioration substantielle des prestations scolaires n’a été démontrée » (Centre belge d’information pharmacothérapeutique). En France, la Haute autorité de santé évalue que 10 % des récipiendaires du diagnostic devraient faire l’objet d’un traitement pharmacologique.

Les études indépendantes montrent que les médicaments perdent leur efficacité à long terme et peuvent même aggraver les symptômes dans plusieurs cas. Bien qu’il puisse être utile à court terme, privilégier le traitement pharmacologique implique souvent de renoncer à des interventions non médicamenteuses qui ont fait leurs preuves et augmentent les chances d’améliorer durablement le sort des enfants.

Des thérapies non médicamenteuses et des stratégies qui visent à augmenter l’attention et contrôler l’hyperactivité ont démontré leur efficacité. La formation des parents, certaines thérapies comportementales, la remédiation cognitive et la psychomotricité (J. Monzée et S. Gravel, Soutenir le développement affectif de l’enfant, 2014, p. 159) donnent de bons résultats. Une approche pratiquement inconnue en Amérique du Nord, mais assez répandue en Europe est la méthode Tomatis. Elle consiste à rééduquer l’audition pour permettre une meilleure interprétation des données sensorielles sur le plan émotionnel. L’apport de l’école et du personnel spécialisé, et l’implication des parents jouent un rôle de premier pour aider les enfants à développer des stratégies qui les aideront à surmonter leurs difficultés.

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