Tout commence avec le port  d’un casque de réalité virtuelle, en présence d’un groupe de 4 personnes dans une salle de l’ONF de l’Îlot Balmoral, devant un monolithe blanc. Nous sommes guidés pour cette expérimentation sensorielle, intellectuelle et ludique par une entité artificielle, le robot Chom5ky. Il s’agit d’une reconstitution virtuelle de Noam Chomsky, célèbre érudit, activiste et auteur américain, critique face à l’usage de l’IA, à partir de ses nombreuses traces numériques. Nous pouvons causer avec le robot à partir de diverses questions. Lorsque l’avatar de Chomsky n’a pas la réponse, son système d’intelligence artificielle va chercher la réponse sur Internet à différents niveaux. 

Comme Chomsky, la réalisatrice Sandra Rodriguez par son œuvre nous fait réfléchir aux manières dont l’IA et la vie humaine sont enchevêtrées.  L’intelligence artificielle est partout, du retoucheur de photos de notre téléphone intelligent jusqu’aux nouveaux assistants virtuels de notre cuisine en passant par l’assistant de conduite automobile et l’arrosage automatique des terres agricoles.  Selon la productrice de l’ONF, Marie-Pier Gauthier, « CHOM5KY vs CHOMSKY est une expérience de réalité virtuelle collaborative qui nous invite à contempler le potentiel de l’IA en apprenant à mieux connaître son fonctionnement, ses limites et concevoir ses applications futures ».    

« Mais CHOM5KY, notre guide IA n’est pas didactique » comme le précisent les concepteurs.  Nous en avons fait l’expérience.  Bien que l’avatar puisse développer son discours le fonctionnement de notre cerveau et de ses mystères, ses réponses à des questions pointues sur l’astrophysique par exemple sont floues ou même inexistantes.  Pas didactique mais ludique, car l’expérience fait appel à la motricité du participant, qui doit faire l’usage de ses mains pour saisir les réponses offertes par l’IA sur le mur du monolithe. De plus, le décor virtuel d’un désert se transforme en cubes de métadonnées, quand nous interagissons durant l’expérience.

Avec CHOM5KY, nous allons de question en question, mais une des questions à se poser, plutôt que de l’adresser au robot, est « Alors, que cherchons-nous donc à reproduire par le biais de l’IA ? » Grande question que posent les concepteurs de l’installation et soulevée dans de nombreux débats récents sur ChATGPT, l’ordinateur qui écrit des textes par lui-même.