
Dieu réincarné dans un chatbot ? Au moins cinq groupes proposent une conversation avec une IA… qui se présente comme étant Jésus.
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C’est pratiquement depuis les débuts du web accessible au grand public, dans les années 1990, que des institutions ou des groupes religieux ont créé des outils qui, avec plus ou moins de succès, pouvaient répondre à des questions sur la foi ou la spiritualité. Aujourd’hui encore, illustre un reportage du New York Times, il est facile de trouver des applications « de prières » pour téléphones: Bible Chat prétend être la plus populaire, avec 25 millions d’abonnés.
Mais si ces outils prétendent parfois être une personne, on en a rarement vu qui prétendaient être la « voix de dieu ».
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Le philosophe sud-africain Anné Verhoef, de l’Université North-West, a récemment observé et testé cinq chatbots qui, tous, prétendaient être Jésus. Il leur a posé des questions sur « qui » ils étaient vraiment et sur la théologie en général. Il s’en dégage des réponses « convaincantes » et un potentiel à ses yeux inquiétant. Ces IA, écrit Verhoef, « ont le potentiel pour devenir de puissants outils de manipulation ». Et « il peut devenir difficile de rendre redevables » ceux qui ont créé ces applications.
Verhoef fait référence au risque que présentent de telles applications entre les mains de personnes souffrant de troubles mentaux, ou vivant simplement des situations difficiles: comme des recherches l’ont montré ces derniers mois, les applications comme ChatGPT ont cette tendance à dire ce que l’usager veut entendre, et en conséquence, peuvent encourager toutes sortes de dérives. Et l’Histoire nous apprend que des personnes qui croyaient vraiment entendre la voix de leur dieu ont été en maintes occasions encouragées à toutes sortes de dérives.
Aucun des cinq chatbots qui se prennent pour Jésus n’est endossé par une église officielle. Comme le principe d’un tel agent conversationnel, est qu’il doit être nourri d’une base de données de textes sur laquelle il appuie ses réponses, on présume que ces robots ont « lu » la Bible, mais il n’est nulle part précisé s’ils ont été « entraînés » avec d’autres textes.
Quatre des cinq sont gérés par des compagnies privées (l’une s’appelle SupremeChaos), et le cinquième a été créé par un groupe chrétien de Corée du Sud qui ne semble pas être affilié à une église. Tous ces outils sont gratuits, mais reçoivent des revenus publicitaires; l’un d’entre eux offre un abonnement payant grâce auquel on peut avoir des « bonus » (premium).
Si l’intention est de faire un profit, spécule Verhoef, alors ces chatbots « vont tenter d’avoir le plus de gens possible qui restent le plus longtemps possible », dans l'espoir de maximiser leurs revenus publicitaires.