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Le télescope James-Webb, le successeur d’Hubble, semble sauvé de la hache budgétaire. Mais combien d’autres projets scientifiques son obésité dévorera-t-elle?

Alors que les budgets des pays occidentaux se portent plutôt mal que bien, il est inévitable que la science écope elle aussi. En un sens, un projet qui aurait dû coûter un milliard lorsqu’il a été lancé en 2001, et qui en coûtera (au moins) huit et demi, qui devait être lancé en 2012 mais ne le sera (au mieux) qu’en 2018, n’a pas les astres alignés pour lui.

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Seulement, ce projet n’est pas n’importe quel: c’est le télescope spatial James-Webb, celui dont on dit qu’il reléguera Hubble au rang de télescope d’amateurs. Il verra 100 fois mieux et sera en orbite à plus d’un million et demi de kilomètres (plutôt que 600 pour Hubble), dégagé de l’influence de notre trop voyante planète.

Pour leur défense, les astronomes ont un argument en or: imaginez que le télescope spatial Hubble ait été supprimé au début des années 1990, pour des raisons budgétaires, des retards, ou à cause de l’accident de la navette spatiale Challenger. Non seulement des percées phénoménales dans notre compréhension de l’Univers n’auraient jamais eu lieu, mais, comme l’écrivait le mois dernier l’astronome Michael Turner dans le cadre de l’éditorial hebdomadaire de la revue Science, «d’innombrables jeunes gens à travers le monde n’auraient pas été inspirés» par la science.

Tout comme Hubble, le télescope spatial James-Webb va réécrire les manuels, inspirer la nouvelle génération de scientifiques ainsi que le public à travers le monde, en plus d’être une source de fierté nationale.

Les astronomes ont peut-être gagné: le 14 septembre, un sous-comité du Sénat américain recommandait que soient garantis les fonds nécessaires à poursuivre le programme, jusqu’au lancement de la chose, prévu en 2018. Ce n’est pas encore une certitude, mais c’est en meilleure voie que ça l’était cet été.

Mais même une victoire pourrait devenir une défaite pour d’autres: tous ces sous, il faudra bien les prendre quelque part. Pourquoi pas aux autres projets astronomiques? Le 8 septembre, le chef de la division de recherche sur la physique du Soleil à la Société astronomique américaine, s’en inquiétait tout haut. Le même jour, 17 planétologues s’inquiétaient eux aussi du sort de leurs projets pour la prochaine décennie. «Nous, individuellement et collectivement, rejetons la prémisse selon laquelle le James-Webb doive être sauvé à n’importe quel prix».

Chose certaine, le télescope procure 2000 emplois, ce qui est aussi un argument de nature à convaincre un politicien.

Certains parmi ces 2000 ont fièrement annoncé le 17 septembre avoir complété la couche d’or des 21 miroirs. Une couche d’or qui ne fait que 120 nanomètres de large, 200 fois plus mince qu’un cheveu... mais ce qu’il faut pour refléter les très imperceptibles rayons infrarouges provenant des confins de l’Univers. Chaque miroir, hexagonal, fait un mètre et demi de haut.

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