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Les illustrations d'enfants du système solaire montrent d’ordinaire une Terre plantée au beau milieu de la «zone habitable»: ni trop chaude, ni trop froide. Or, de nouveaux calculs suggèrent qu’elle serait juste sur la ligne. Un poil plus près, et nous ne serions pas là pour en parler.

Le fait est que le problème ne se résume pas seulement à calculer la distance qui nous sépare du Soleil. Si ce n’était que cela, la température à la surface de Vénus n’atteindrait pas les 460 degrés Celsius —parce que chez elle, s’ajoute au Soleil un effet de serre dévastateur.

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La couverture nuageuse est donc à prendre en compte, et les astrophysiciens ont publié différents modèles au fil des décennies. Le New Scientist cite par exemple une recherche de l’astrophysicienne Sara Seager, du M.I.T., pour qui une planète couverte de déserts, donc avec très peu d’eau, pourrait maintenir une température acceptable pour la vie, même si elle se trouvait deux fois plus près du Soleil: parce qu’elle aurait très peu de nuages, beaucoup de chaleur irait se perdre dans l’espace plutôt que de rester emprisonnée à la surface.

En 1993 fut publié un travail dirigé par le géologue James Kasting, de l’Université d’État de Pennsylvanie, qui fait encore école aujourd’hui: il déplaçait la zone habitable telle qu’on l’avait traditionnellement illustrée —avec la Terre bien au centre. Exprimé en unités astronomiques, où la distance Soleil-Terre est de 1.0, ça donnait une zone habitable s’étendant de 0,95 à 1,67. Du coup, la Terre se retrouvait très près de la ligne.

Or, dans les nouveaux calculs qui nous intéressent ici, une autre équipe de l’Université d’État de Pennsylvanie —incluant à nouveau James Kasting— déplace la limite inférieure de 0,95 à 0,99. La Terre est sauvée, par un cheveu.

En d’autres mots, si la Terre avait été à peine un million et demi de kilomètres plus près de son étoile, ses océans auraient commencé à bouillir, créant un effet de serre vénusien qui aurait accru encore plus la chaleur et éradiqué toute vie avant qu'elle n'ait eu le temps de faire beaucoup de chemin.

Qu’on se rassure, la Terre ne risque pas de bouger de son orbite de sitôt, mais le CO2 que l’on envoie dans l’atmosphère bouleverse les calculs. En fait, ce sont les connaissances acquises récemment sur la façon dont la vapeur d’eau et le CO2 dans l’atmosphère absorbent la chaleur, qui ont permis de mettre à jour les calculs de 1993. Ce qui éclaire d’un nouveau jour les incertitudes sur l’impact qu’aura sur notre atmosphère le trop-plein de CO2 qui continue de s’y accumuler.

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