La complainte n’est pas nouvelle, mais le chercheur Daniel Sarewitz la met au goût du jour dans la revue Nature : l’éditeur scientifique Elsevier lui envoie désormais — ainsi qu’à tous les auteurs — un courriel de performance : « mes publications ont reçu 30 752 pages vues et 2052 citations ». Est-ce beaucoup ? Il n’en sait rien, mais l’incitatif est clair : rendre les chercheurs encore plus obsédés par « leur productivité et leur impact, puis comparer leurs chiffres à ceux des autres scientifiques ». La démocratisation de l’accès aux recherches grâce au web était pourtant une bonne chose, poursuit-il. Mais elle a considérablement accru la tentation de ne chercher que les articles qui disent ce qu’on veut entendre. « Pas étonnant que le nombre de citations augmente. »
« Trop d’information tue l’information », dit l’adage. C’est désormais vrai en science aussi : trop de recherches, publiées trop vite, dans le seul but d’accroître son facteur d’impact personnel.