Jeune bonobo avec sa mère

Récemment, une expérience a pu montrer que des bonobos pouvaient faire la distinction entre le fait qu'un humain connaissait ou ignorait un évènement et agir en conséquence. Cette faculté est liée à ce qu'on appelle la théorie de l'esprit et que l'on a longtemps cru exclusive à notre espèce. Celle-ci se rattache à la prise de conscience que les états mentaux d'autrui diffèrent de nos propres états mentaux (connaissances, désirs, émotions...).

Chez l'enfant, cette faculté se développe de façon progressive. À cet effet, la fille de ma nièce, que j'ai rencontrée récemment, m'a permis ce début de réflexion. Elle est âgée de 3 ans et, à un certain moment, elle nous a proposé de deviner le nom d'un animal qu'elle avait en tête, ce qui dénote clairement que l'enfant fait la distinction entre une connaissance qu'elle possède et que ne possèdent pas d'autres personnes à un moment précis. Ce qui m'a permis toutefois de présenter ici ma réflexion est le fait suivant : juste avant de se quitter, elle me dit que la prochaine fois, elle allait "... me faire deviner la girafe". Par le fait même, elle m'a appris que l'enfant a à prolonger l'acquisition de ce jeu de "connaissance - ignorance" sur une plus longue durée dans le temps qui ne s'effectue que lors d'une étape ultérieure.

Pour en revenir aux bonobos, lors d'une expérience, ils pouvaient recevoir une friandise qu'ils avaient observée cacher sous l'une des coupes, si leur partenaire humain parvenait à la localiser du premier coup. Dans un premier temps ce dernier voyait où était cachée la récompense alors que, dans un deuxième temps, il ne l'avait pas vue. Trois bonobos ont passé le test et on devine la suite. Lorsque le partenaire humain n'avait pas vu où avait été cachée la friandise, ceux-ci ont pointé du doigt où elle se trouvait pour l'indiquer à l'humain qui devait faire le bon choix pour que le singe puisse la recevoir. Ils l'ont fait plus fréquemment dans ce dernier cas de façon significative pour deux d'entre eux. Il est intéressant d'observer que la différence la moins marquée de ce comportement dans les deux situations a été observée pour le bonobo le plus jeune, ce qui nous suggère, là aussi, une possible phase de développement nécessaire à l'acquisition de cette compétence permettant de concevoir l'ignorance dans l'esprit d'un autre individu.              

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Nous savons aussi que, chez l'enfant, après avoir pris conscience de l'absence possible chez d'autres personnes de certaines informations que l'enfant dispose, une autre des étapes ultérieures à acquérir tient au fait que certaines d'entre elles possèdent, cette fois-ci, de fausses informations. Cette prise de conscience peut-elle exister aussi chez nos cousins les grands singes? Étonnamment, nous pouvons proposer une expérience simple pour tenter de le vérifier. En reprenant l'expérience citée ici avec les bonobos, il nous faut y introduire une troisième situation dans laquelle ceux-ci regardent leur partenaire humain voir un expérimentateur placer la récompense sous l'un des gobelets. Ensuite, le partenaire humain se retire de sorte qu'il ne puisse plus voir ce qui se passe et l'expérimentateur en profite pour changer la position de la friandise sous un autre récipient toujours en présence du bonobo. Le partenaire humain revient alors pour indiquer où se trouve l'aliment convoité. Le bonobo qui pointera à l'humain l'emplacement réel de la récompense avec autant d'insistance que si celui-ci avait été absent durant toute la durée de l'expérience, comme dans la première version, devrait ainsi nous indiquer qu'il a conscience que l'humain dispose d'une information erronée.

À n'en pas douter, voilà une réflexion que j'aurais bien aimé partager avec Frans de Waal.

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