Si les parties droite et gauche du cerveau communiquent si bien entre elles, c’est en raison de neurones qui, de chaque côté, effectuent des connexions nerveuses vers l’autre moitié. Or, grâce à une équipe canado-américaine dirigée par un chercheur montréalais, on comprend mieux comment ces neurones retrouvent, au sein de milliards de leurs semblables, ceux avec qui ils doivent former ces connexions. Certains exercent leur charme et ceux qui sont séduits se laissent attirer.

Sauf que chez les neurones, le romantisme, c’est une question de molécules. On connaissait déjà un des signaux de séduction des neurones : la protéine Shh. Mais les neurobiologistes, avec à leur tête Frédéric Charron de l’Institut de recherches cliniques de Montréal, ont découvert ce qui fait craquer les neurones courtisés. C’est aussi une protéine, qu’ils ont baptisée Boc. Elle se trouve à la surface de certains neurones et elle détecte Shh.

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Dans l’embryon, des neurones situés au milieu du cerveau sécrètent des Shh vers chacune de deux moitiés. Les neurones qui arborent Boc les captent et commencent à émettre des prolongements, ou axones, vers la source de Shh, en direction de l’autre côté du cerveau où ils formeront des connexions. Shh et Boc servent aussi à créer des connexions ailleurs dans le système nerveux. Et on connaît de plus d’autres protéines qui jouent un rôle semblable.

Pourra-t-on en trouver assez pour rendre compte des milliards de connexions nerveuses? “ Nous pensons que ces protéines servent à connecter les neurones vers leur cible en groupe, explique Frédéric Charron. L’ajustement fin se fait lors de l'apprentissage: les connexions utilisées se maintiennent alors que celles qui ne le sont pas se défont. ”

Mais au-delà du rôle naturel de ces protéines, les chercheurs imaginent des utilisations médicales. Par exemple, dans le cas de maladies dégénératives comme celle de Parkinson, on envisage des traitements par greffe de neurones ou de cellules souches. Des protéines comme Shh pourraient servir à attirer les axones des cellules greffées pour les rebrancher vers les bonnes cibles.

On pourrait aussi, en principe, utiliser un jour ces protéines pour faire repousser et rebrancher les axones sectionnés lors d’un accident à la moelle épinière.

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