Des scientifiques canadiens ont infecté des singes macaques avec le virus de la grippe espagnole. Les poumons des singes étaient complètement détruits après quelques jours. Les chercheurs ont pu observer et mieux comprendre le remarquable pouvoir meurtrier de ce virus.

La grippe espagnole a tué près de 50 millions de personnes en 1918 et 1919. Près de 2% des gens infectés succombaient. Ce virus, comme plusieurs autres virus, s’était d’abord attaqué aux oiseaux avant qu’une modification génétique lui permette d’infecter aussi les humains. La raison de sa virulence n’avait jamais été entièrement élucidée par les scientifiques.

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Pour en savoir plus, un groupe de recherche dirigé par Darwyn Kobasa, chercheur à l’Agence de Santé Publique du Canada à Winnipeg, au Manitoba, a recréé, en laboratoire, une version du virus de la grippe espagnole et a infecté quelques singes. La création de ce fameux virus n’est pas nouvelle. En 2005, des scientifiques étaient parvenus à reconstruire le virus de la grippe espagnole en prélevant des fragments génétiques du corps d’une victime retrouvée enterrée dans le permafrost en Alaska.

Le virus de 1918 se propage plus rapidement et plus agressivement chez les singes que les virus habituels. Alors que la réaction immunitaire à un virus saisonnier s’atténue généralement après quelques jours, cette fois le système immunaire s’emballe. Les symptômes apparaissent 24 heures après l’exposition au virus et entraînent la destruction rapide des tissus des poumons. Les victimes meurent littéralement noyées, les poumons gorgés de liquide et de sang.

Selon Darwyn Kobasa, le virus n’est pas directement responsable des lésions causées aux poumons. C’est la réponse immunitaire du corps à ce virus qui entraînerait les symptômes mortels. Kobasa et son équipe ont identifié le gène humain impliqué dans cette réponse immunitaire inhabituelle . Il s’agit du gène RIG-1. Le virus de la grippe espagnole le rendrait inopérant, entraînant du même coup la débandade du système immunitaire.

Plusieurs scientifiques s’inquiètent des conséquences de la création et de l’expérimentation de virus reconstruits de la grippe espagnole en laboratoire. Et si ce virus tombait entre de mauvaises mains ? Mais Darwyn Kobasa défend sa décision de travailler avec l’un des plus dangereux virus de l’histoire. « Une meilleure compréhension de ce virus permettra aux scientifiques de mieux comprendre les virus de la grippe et leur potentiel à créer des pandémies », estime-t-il.

Les scientifiques ont pu observer que les réactions immunitaires des humains infectés avec le H5N1, virus responsable de la grippe aviaire, étaient similaires à celles des primates infectés par le virus de 1918. La grippe aviaire a infecté 267 personnes jusqu’à maintenant, surtout des travailleurs avicoles. 161 de ces personnes ont succombé à la maladie selon les dernières statistiques de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Les scientifiques craignent que des modifications au virus de la grippe aviaire ne lui permettent d’infecter les humains plus facilement . En étudiant les réactions des animaux infectés au virus de la grippe espagnole, peut-être les scientifiques apprendront-ils comment prévenir une prochaine épidémie ?

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