En revenant de vacances, en 2005, le météorologue Thomas Knutson reçoit un coup de fil : un célèbre talk-show de la chaîne d’information continue MSNBC le convie à discuter des ouragans et des changements climatiques. Un an plus tôt, ce chercheur de la National Oceanographic and Atmospheric Administration (NOAA) avait publié un article percutant. Il prévoyait qu’une augmentation du CO2 dans l’atmosphère accroîtrait la force des cyclones tropicaux. Thomas Knutson s’empresse d’accepter l’occasion de diffuser ses travaux au grand public. Seulement, peu après le coup de fil de la MSNBC, il reçoit un autre appel, cette fois de l’agent de communication de la NOAA, Kent Laborde. Concernant son intervention à l’émission : « La maison blanche a dit non ». Kent Laborde ajoute qu’il a déjà annulé l’entrevue en prétextant que le chercheur était trop fatigué de son récent voyage.

Bien plus tard, des documents officiels ont révélé qu’à cette époque, le bureau des affaires publiques de la NOAA redirigeait toutes les demandes des médias ayant trait aux ouragans, à Thomas Knutson ou à certains de ses collègues, vers d’autres chercheurs qui eux, contestaient le lien entre les ouragans et les changements climatiques.

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Rapports minimisés ou modifiés, interdits de republication ou oubliés des communiqués de presse, des scientifiques inaccessibles aux médias… Des histoires d’horreurs comme celles-ci, il en existe des centaines selon le récent rapport d’une délégation de scientifiques américains, l’Union of concerned scientist (UCS). Ce document d’une centaine de pages, intitulé An Atmosphere of Pressure, résume 435 interventions du gouvernement américain au cours des cinq dernières années et dénonce le filtrage de l’information scientifique issue de la recherche fédérale. On y retrouve des extraits de courriels, des noms, de tristes statistiques, des histoires dignes des régimes les plus oppressifs. De quoi alimenter les mordus de complots gouvernementaux à la X files! Le directeur de l’UCS, le Dr Francesca Grifo, s’inquiète : « Ces nouvelles preuves indiquent que l’interférence politique dans les sciences du climat ne se résume pas à une série d’incidents isolés, c’est une épidémie systémique. »

Les témoignages ont été réunis grâce à des dizaines d’entrevues et de questionnaires distribués à 1 600 scientifiques spécialistes des changements climatiques. Enfin, ce même rapport suggère aussi des suggestions. Il propose notamment des politiques de communication à adpoter par les agences fédérales pour redonner la liberté d’expression aux scientifiques, et ainsi offrir l’heure juste aux citoyens du monde.

À lire :

Le rapport An Atmosphere of Pressure http://www.ucsusa.org/scientific_integrity/interference/atmosphere-of-pressure.html

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