Et si vous doutez encore des liens entre science et pauvreté, il faut consulter la liste des articles : la malnutrition chez les enfants, la recherche de traitements contre la malaria, l’inégalité d’un pays à l’autre dans la lutte anti-sida, les problèmes d’eau potable, l’exode des cerveaux des pays du Sud vers ceux du Nord...
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Les Nations Unies reconnaissent dans leur Plan du millénaire, approuvé en septembre 2000, le lien entre santé et développement. Mais depuis, plusieurs experts ont souligné combien les objectifs restaient hors d’atteinte d’ici 2015, si le rythme actuel de développement se maintient (voir ce texte).
L’effort a été coordonné par le Conseil des éditeurs scientifiques, et il s’agit du troisième coup du genre (les deux précédents avaient été coordonnés par le Journal de l’Association médicale américaine). En 1996, les menaces internationales causées par les maladies infectueuses avaient donné lieu à des articles parus simultanément dans 36 revues. L’année suivante, 97 revues s’étaient jointes à la thématique « vieillissement ».
L’objectif du Conseil est de « stimuler l’intérêt et la recherche sur la pauvreté et le développement humain et de disséminer les résultats de ces recherches aussi largement que possible ». Aussi largement que possible, on insiste : toutes les revues participantes sont incitées à rendre ces 750 articles accessibles gratuitement.
Plusieurs des plus prestigieuses revues de la planète figurent dans la liste : Nature, Science, Cell, JAMA, le British Medical Journal, The Lancet, Circulation, Pediatrics, ainsi que des publications de pays riches comme le Canadian Medical Association Journal aussi bien que de pays pauvres comme le Malawi Medical Journal ou le Nigerian Journal of Clinical Practice . Ainsi que le groupe Public Library of Science, né justement, en 2001, de la volonté de rendre la recherche accessible gratuitement.
En additionnant tous les co-auteurs de tous ces articles, on se retrouve un total de 112 pays représentés. Plusieurs de ces textes sont des recherches scientifiques en bonne et due forme, certains sont des éditoriaux, des analyses, des reportages.
Le National Institutes of Health, l’organisme subventionnaire de la recherche en santé aux États-Unis, a tenu une rencontre scientifique le 22 octobre pour souligner l’événement, au cours de laquelle furent présentés les résultats de sept des recherches publiées dans ce vaste ensemble.
Dans un éditorial publié dans Science, le Nobel de la paix Norman Borlaug rappelle combien la révolution verte des années 1960 et 1970 a considérablement réduit les problèmes mondiaux de malnutrition. Mais combien aussi, en Afrique, ces progrès sont fragiles. « Une forte croissance de la population et peu d’applications des progrès technologiques (en agriculture) au cours des trois dernières décennies ont résulté en une réduction de la production alimentaire par personne, en des déficits alimentaires grandissants et une détérioration des niveaux nutritifs chez les populations rurales les plus pauvres et en une dégradation désastreuse de l’environnement... La capacité scientifique et technologique de l’Afrique a besoin d’aide. »