La conférence de presse annonçant que le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, deviendra en septembre le 7e touriste de l’histoire de la station spatiale, a été accompagnée d’une autre première : alors que d’ordinaire, l’Agence spatiale américaine, la NASA, préfère se tenir loin de ces « touristes », l’Agence spatiale canadienne, elle, a surfé avec enthousiasme sur la nouvelle.

Contexte : lorsque les Russes ont commencé à ouvrir leurs portes à des « touristes », en 2001, la NASA a d’abord voulu s’y opposer, invoquant des raisons de sécurité. La position russe a fini par l’emporter : il a été dit à l’époque que le tourisme spatial, à 20 ou 30 millions$ par billet, constituerait une source de revenus dont l’agence spatiale russe avait bien besoin. Et de fait, même si c’est une compagnie basée aux États-Unis, Space Adventures, qui « organise » ce voyage en orbite, c’est toujours à bord d’une fusée russe Soyouz que les six autres touristes se sont envoyés en l’air.

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L’agence spatiale américaine a donc été, chaque fois, très discrète : c’est en Russie que les milliardaires précédents s’entraînent, c’est là-bas qu’ont lieu les conférences de presse et, tout Américains qu’ils soient, les touristes Dennis Tito (2001) et Gregory Olsen (2005) ont semblé aussi loin de la NASA que la NASA peut l’être d’un cosmonaute... russe!

Rien de tel avec l'Agence spatiale canadienne cette fois: la conférence de presse annonçant la future aventure de Guy Laliberté a été réalisée conjointement par les Russes et elle. Interrogé par le New Scientist, son président, Steve MacLean —lui-même astronaute— n’avait que des bons mots pour son futur « collègue » : « c’est normal d’offrir notre soutien. Ça va arriver; alors pourquoi ne pas essayer d’en tirer le maximum ».

L’Agence espère que, pendant son séjour là-haut, Guy Laliberté participera à quelques expériences sur l’adaptation du corps humain à l’apesanteur auxquelles participe Robert Thirsk, l’astronaute canadien qui se trouve déjà sur la station spatiale —pour un séjour, lui, de six mois. Ce qui sera d’ailleurs un autre grand moment pour l’Agence spatiale canadienne : avec la visite de l’astronaute —une vraie, elle— Julie Payette la semaine prochaine, pour la première fois, trois Canadiens auront occupé la station spatiale la même année!

Pour ceux qui rêvent de se payer un billet, le voyage de Guy Laliberté n’incluera pas une marche dans l’espace, en raison du manque de temps pour l’entraîner. Des sources affirment qu’une marche dans l’espace, et l’entraînement préalable qui vient avec, auraient gonflé le prix du billet d’un autre 15 millions$.

Pascal Lapointe

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