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S’il y a des millions de tonnes de poussières balancées dans l’atmosphère, est-ce que ça ne finit pas par bloquer une partie des rayons du soleil, assez pour faire baisser la température, donc assez pour ralentir le réchauffement climatique?

La question est légitime, mais malheureusement pour les défenseurs de cette théorie, il en faudrait plus. Beaucoup plus. Tout d’abord, parce que les cendres, au contraire du CO2, retombent vite : elles ne restent pas là-haut assez longtemps pour avoir un impact réel sur le climat.

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Ensuite, parce que le CO2 du Eyjafjallajokull, c’est de la petite bière volcanique. Selon le Bureau géologique des États-Unis (US Geological Survey), tous les volcans de la planète seraient responsables de l’équivalent de 200 millions de tonnes de CO2 par an. En comparaison, selon l’Agence américaine de protection de l’environnement, les gaz à effet de serre d’origine humaine auraient totalisé... 28 000 milliards de tonnes en 2006.

200 millions versus 28 000 milliards : c’est 100 000 fois plus.

Ou, pour emprunter une métaphore au collègue de TreeHugger, le géant du pétrole Chevron et le géant de l’électricité American Electric Power auraient produit à eux deux plus de gaz à effet de serre que tous les volcans de l’année 2008.

Un impact, malgré tout

Ceci dit, que l’impact soit moindre ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’impact du tout. L’éruption islandaise est relativement petite dans la communauté des volcans. Mais il fut d’autres moments, dans l’histoire récente, où des volcans particulièrement excités ont fait bouger la moyenne à eux tout seuls. Ainsi, l’éruption du Pinatubo aux Phillipines en 1991, est traditionnellement associée à une baisse d'au moins quelques dixièmes de degré cette année-là. Pas de quoi créer une ère glaciaire, mais juste assez pour que les ordinateurs remarquent une anomalie.

Le coupable : un autre gaz émis par les volcans, le dioxyde de soufre. Ses particules, une fois en suspension là-haut, ont la particularité de « refléter » les rayons du soleil, donc d’en renvoyer une partie dans l’espace. Moins de rayons atteignent la Terre, donc il fait moins chaud.

Ce n’est pas pour rien si, parmi les rêves de géoingénierie —ces rêves de « re-façonner » la Terre pour atténuer le réchauffement climatique— figure en tête de liste l’envoi dans l’atmosphère de millions de tonnes de dioxyde de soufre.

Le seul problème est que ces particules ne restent pas longtemps dans l’air. Pour vraiment utiliser cette arme contre le réchauffement, il faudrait donc en envoyer tous les ans en quantités industrielles.

Ce qui, en soi, est logique : si ce qu'expédient là-haut les volcans y restait indéfiniment, la Terre deviendrait de plus en plus froide, avec chaque nouvelle éruption volcanique. Il n'y a que le CO2 qui ait cette désagréable qualité de se rappeler à notre bon souvenir longtemps, longtemps...

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