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Au Montana, un État du nord-ouest des États-Unis situé le long de la frontière canadienne, un projet de loi qui a fait l’objet d’audiences publiques le 7 février vise à criminaliser les vaccins à ARN.

Déposé par un élu républicain de la Chambre des représentants du Montana et appuyé par les autres élus de ce parti, ce projet loi deviendrait, s'il était adopté, la première loi à criminaliser le fait d’administrer un vaccin à ARN. Un projet de loi similaire avait été déposé en 2023 dans un État voisin, l’Idaho, mais était resté dans les limbes.

Les vaccins à ARN, qui se sont fait connaître du grand public pendant la COVID, sont en développement depuis plus de deux décennies. Ils consistent à utiliser ce qu’on appelle l’ARN messager pour apporter à notre système immunitaire la « recette » pour lutter contre un « ennemi » spécifique —dans ce cas-ci, le virus SRAS-CoV-2, responsable de la COVID. Ces vaccins n’ont pas été seuls face au coronavirus : plus d'une quarantaine de vaccins ont été utilisés à travers le monde, dont une douzaine dans plus de 10 pays. Parmi ces derniers, deux —ceux des compagnies Pfizer et Moderna— étaient des « vaccins à ARN » et les études comparatives ne montrent pas de différences significatives dans le taux d’efficacité ou dans les risques d’effets secondaires.

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Ces deux décennies de recherches en conduisent également plusieurs à espérer qu’il puisse s’agir d’une technologie d’avenir, parce que ces vaccins seront plus faciles à produire et ce, plus vite. Depuis 2021, on parle d’eux pour lutter contre d’autres maladies infectieuses : la malaria et la grippe sont d’ores et déjà ciblées dans des essais cliniques. Et on évoque même certains types de cancers. Le premier test en ce sens sur un patient remonte à 2017. La phase 3 d’un essai clinique contre le cancer de la peau, chez un millier de patients à haut risque, a débuté à l’été 2023

C’est l’addition de toutes ces perspectives encourageantes qui a valu à deux des pionniers de la recherche sur les vaccins à ARN le Nobel de médecine en 2023, de même qu'une longue série d’autres récompenses scientifiques prestigieuses. C’est aussi dans ce contexte que, lors des deux heures d'audiences le 7 février, des médecins, des représentants de groupes autochtones locaux, d’associations de parents, de pédiatres et de pharmaciens, sont venus témoigner qu’un tel projet de loi pourrait nuire aux avancées vers des traitements contre des maladies comme la tuberculose, la malaria et la grippe: le rythme rapide de mutations de la grippe est un problème chaque année, lorsque vient le moment de préparer la version du vaccin qui sera utilisée l’hiver suivant.

Quant aux arguments avancés par des élus et des citoyens en faveur de l'interdiction de ces vaccins, ils s’inscrivent dans les craintes qui circulent depuis 2020, et qui ont plusieurs fois été analysées. Par exemple, la crainte à l’effet que ces vaccins pourraient s’introduire dans nos gènes (ils seraient donc une « thérapie génique », alors que ce terme désigne tout autre chose) et être du coup transmis à la génération suivante. Or, il leur faudrait pour cela s’introduire dans le noyau de nos cellules —là où se trouvent les gènes— ce qu’ils sont incapables de faire

Le projet de loi affirme que ces vaccins « ont causé un nombre énorme de décès, de handicaps et de sérieux effets secondaires », alors que le très grand nombre de recherches post-vaccinations, dans plusieurs pays, a démontré le contraire

Il y a aussi la croyance, dont l’origine est plus nébuleuse, selon laquelle les personnes vaccinées pourraient « transmettre » le vaccin à d’autres personnes. Il s’agit possiblement d’une allusion au fait que certains vaccins ont déjà été composés d’une version atténuée d’un virus. Toutefois, même lorsque c’est le cas, le fait qu’il s’agisse d’une version atténuée le rend généralement inoffensif et de toute façon, il n’y a pas de virus actif dans un vaccin à ARN. L’élu républicain derrière ce projet de loi, Greg Kmetz, avait aussi, en 2023, déposé un projet de loi qui voulait interdire aux personnes vaccinées contre la COVID de donner du sang.

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