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(La Paz, Bolivie) — Au Canada, on ne lui trouve que des vertus. Le quinoa, cette petite graine qui s’apprête si bien en soupe et en salade, est libre de gluten et riche en protéines et en minéraux. Fruit d’une agriculture biologique, le « grain d’or » est cultivé sur les plateaux andins depuis des millénaires.

Dans le sud-ouest de la Bolivie, en bordure du magnifique désert de sel d’Uyuni, le paysage agricole est moins enchanteur. Les paysans de la région d’où provient le quinoa Real, la variété la plus en demande à l’international, font aujourd’hui face aux conséquences de l’agriculture intensive.

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Esteban Muraña cultive le quinoa depuis plus de 30 ans autour du village de Mañica, situé au sud du désert. « Auparavant, un hectare de culture nous donnait une quinzaine de sacs de quinoa. Aujourd’hui, les rendements ont baissé à six ou sept sacs l’hectare. »

L’appétit des Nord-Américains et des Européens pour le quinoa a fait tripler les prix de la tonne de grains depuis une dizaine d’années. Si les retombées économiques du commerce du quinoa sont indéniables, la course au profit a aussi incité les agriculteurs boliviens à augmenter la cadence de production, laissant du coup moins de temps à la terre pour régénérer sa fertilité.

Et pour redonner vie aux champs de quinoa, rien de mieux que du fumier de lama. Avec l’expansion des surfaces de culture, multipliées par quatre depuis 1980, « les zones de pâture ont eu tendance à se rétrécir comme peau de chagrin et il y a de moins en moins d’animaux sur la zone », note la coordonnatrice de l’ONG Agronomes et vétérinaires sans frontières en Bolivie, Sarah Métais.

L’organisme encourage d’ailleurs les producteurs de quinoa à suivre certaines pratiques environnementales pour préserver sa culture, comme l’épandage de fumier et la jachère de deux à trois ans. D’autres mesures visent à limiter l’érosion, un autre problème préoccupant dans cette région où le vent souffle en permanence.

« Quand il y a de forts vents, il ne suffit que d’un épisode ou deux pour que les particules les plus fines s’en aillent, ce qui conduit à un appauvrissement général du sol », explique l’écologue Richard Joffre, qui a participé à un programme de recherche sur le quinoa mené par l’Institut de recherche pour le développement en Bolivie.

Les champs qui bordent le village de Palaya, situé au cœur de la zone de production du quinoa Real, sont durement touchés par le phénomène. « L’érosion est l’un des pires châtiments que nous avons reçus », se désole le maire du village, Gualberto Flores. « Nous avons perçu une baisse évidente de la qualité du quinoa dans certains secteurs au cours des dernières années. »

Pour remédier à la situation, il compte planter des barrières végétales autour des champs pour briser les coups de vent de la plaine. En plus de bénéficier du soutien technique de plusieurs organismes, le village de Palaya, comme plusieurs autres communautés de la région, pourra bientôt compter sur l’aide du gouvernement bolivien, qui a annoncé en mars dernier l’élaboration d’un programme d’aide aux cultivateurs de quinoa de 50 millions de dollars.

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