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Au milieu des reportages sur Tchernobyl et sur son impact sur la santé 25 ans plus tard, il est un bilan qui est passé inaperçu : l’impact sur la santé... psychologique.

Beaucoup d’études ont tenté d’estimer le nombre de cancers de la thyroïde (16 000, selon l’Agence internationale de recherche sur le cancer) attribuables à cette catastrophe nucléaire. Encore plus d’études ont tenté d’évaluer le nombre de cancers en général, une mission impossible sachant qu’en Europe, le crabe touche environ une personne sur quatre.

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Mais cette incertitude cache justement une partie du problème, relèvent des experts en radiations comme Elizabeth Cardis : avec l’incertitude, vient généralement une augmentation des cas de dépression et d’alcoolisme. Le médecin britannique James Smith est de ceux qui ont étudié les hauts taux de suicide et de problèmes mentaux dans cette région de l’Ukraine et du Belarus, et les attribue directement à l’accident du 26 avril 1986.

Figure dans la liste l’impact psychologique sur les milliers de gens qui furent évacués en 1986 et qui n’ont jamais pu revenir. Impossible de savoir combien de dépressions, de stress chroniques ou de suicides peuvent être attribuables à leur situation. Mais les compensations monétaires insuffisantes et une information qui n’a jamais été fournie de façon satisfaisante, contribuent à ce que les psychologiques appellent la victimisation.

On peut toutefois se faire une idée de l’impact psychologique par l’anecdote inverse : c’est-à-dire la poignée de gens qui sont, parfois illégalement, retournés vivre sur les lieux. Comme le rapporte un reportage de l'émission Living on Earth , ces gens ont beau s’exposer à des niveaux de radiation plus élevés que la normale, ils sont peut-être en meilleure santé que ceux qui ne sont pas revenus. Parce qu’il s’agit de quinquagénaires, voire de sexagénaires et que les radiations, à ce niveau, ne provoquent des cancers qu’à long terme, de sorte que ces gens auront le temps de mourir d’autre chose.

Dans l’intervalle, ils sont revenus dans leur village ou dans un environnement qui leur est familier, ce qui est bien meilleur pour leur santé psychologique que leurs anciens voisins, déracinés et entassés dans des immeubles ternes d’une banlieue monotone.

Évidemment, revenir à 20 km de Tchernobyl n’est pas une recommandation que l’on ferait à quiconque mais, écrit James Smith ( Chernobyl : Catastrophe and Consequences , 2005), cela fait au moins d’eux « des survivants, plutôt que des victimes ».

Et ce n’est pas comme si on avait attendu 25 ans pour s’en apercevoir. Dès 1991, une étude de l’Agence internationale de l’énergie atomique avait découvert que les effets psychologiques étaient « disproportionnés » par rapport aux effets « biologiques » de l’accident nucléaire. En 2006, le rapport du Forum des Nations Unies sur Tchernobyl revenait à la charge : l’impact sur la santé mentale est « le plus gros problème de santé publique causé par l’accident à ce jour ».

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