On peut s’en faire une idée par l’échelle de Scoville, qui est au piment ce que Richter est aux tremblements de terre. A 2500 unités, on a la sauce Tabasco rouge, qui provoque de légères brûlures. A 50,000, on a le piment de Cayenne qu’il est déconseillé de croquer. A 250,000, on a le champion toutes catégories de la nature, le piment habanero, dont une goutte suffit, à ce qu’on dit, à brûler la lèvre et la langue.
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Et l’arme utilisée par les policiers sur des manifestants? Cinq millions d'unités.
La bonbonne de gaz poivre qu’on peut acheter dans les commerces ne monte «que» jusqu’à deux millions d’unités.
Le secret réside dans la capsaïcine, explique la journaliste Deborah Blum dans un texte de vulgarisation qui arrive à point nommé. En fait, le vrai nom du gaz poivre est Oleoresin Capsicum, ou gaz OC —mais comme le suggère la journaliste, «gaz poivre» a peut-être été choisi comme nom parce qu’il semble beaucoup plus innocent: on dirait une de ces épices qu’on garde dans un coin de la cuisine.
Or, rien de commun avec la cuisine, puisque l’OC n’existe pas dans la nature, et pour cause: de nombreuses études médicales ont démontré les effets délétères sur les fonctions respiratoires, au point de présenter des risques pour la vie des gens souffrant d’asthme. Les différents composés chimiques, au-delà d’une certaine dose, peuvent provoquer des problèmes cardiaques et respiratoires, ont écrit en 2004 des chercheurs américains en santé publique ( Health Hazards of Pepper Stray ). Neurologiques, aussi: cette sensation de brûlure intense vient d’un impact direct entre la capsaïcine et les neurones sensibles à la chaleur. L’American Civil Liberties Union a jadis affirmé avoir recensé 27 personnes décédées en détention en Californie en 1993, après usage de gaz poivre. La plupart souffraient déjà de problèmes respiratoires.
En fin de semaine, après l’événement survenu à l’Université de Californie à Davis, 11 des étudiants «gazés» ont été traités par les infirmiers sur place et deux ont été transportés à l’hôpital. Nul doute, conclut Deborah Blum, qu’ils feront partie d’une future étude sur les impacts médicaux du gaz poivre.