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Les prévisions auront eu le dessus sur les peurs. Tel que prévu l’an dernier, même dans le pire des scénarios, les décès à long terme liés aux radiations de Fukushima se situeront probablement en-dessous du détectable.

En d’autres termes, les pertes humaines seront inversement proportionnelles à l’attention médiatique.

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C’est que le taux de cancer à long terme pourrait ne pas être suffisamment plus élevé que la normale pour qu’on soit capable de le distinguer du bruit de fond, résume l’Organisation mondiale de la santé dans un rapport préliminaire sur les doses de radiations absorbées par les Japonais pendant un an. Nature rapporte avoir obtenu en exclusivité la version complète de ce rapport, dont la parution est prévue pour cet été.

En moyenne, les résidents de la préfecture de Fukushima ont reçu entre 1 et 10 millisieverts (mSv) pendant la première année (de mars 2011 à mars 2012). Or, en comparaison, nous sommes tous naturellement exposés chaque année à 2 mSv. Les habitants des préfectures voisines en ont reçu entre 0,1 et 10, et le reste du Japon, entre 0,1 et 1.

À partir de quel seuil est-on plus à risque d’attraper un cancer? Là-dessus, les normes varient d’un pays à l’autre : le Japon, par exemple, place le niveau maximal auquel une personne devrait être exposée à 20 mSv. Mais «niveau maximal» et «certitude d’un cancer» sont deux choses différentes : les experts en radiations estiment qu’à partir de 5 mSv, on pourrait peut-être voir l’aiguille du taux de cancer commencer à frémir, passant à un cancer supplémentaire par 5000 habitants.

Cela signifie que, si on suppose par exemple que le taux de cancer normal au Japon est de 2000 par 5000 habitants, on grimperait, à cause de Fukushima, à 2001 cancers par 5000 personnes.

Ces statistiques pourraient avoir du mal à tenir compte du petit groupe de gens qui ont reçu des doses de loin supérieures à la normale —des travailleurs de la centrale— et d’un nombre indéterminé de citoyens qui se sont retrouvés dans le mauvais sens du vent au mauvais moment —deux villages sont cités, Namie et Itate, au nord-ouest de la centrale nucléaire, où la dose, sur un an, se situerait entre 10 et 50 mSv. Mais même à 50 mSv, le niveau de risque reste peu élevé, au point où la différence que cela pourrait faire sur 20 ou 30 ans est presque imperceptible.

Un second rapport incidemment, émanant du comité des Nations Unies sur les effets des radiations, s’est penché sur 167 travailleurs exposés à de fortes doses l’an dernier. «S’il y a un risque pour la santé, il est chez ces travailleurs hautement exposés», résume le directeur Wolfgang Weiss —particulièrement chez deux d’entre eux, qui ont reçu des doses de 680 mSv. Mais on ne le saura pas avec certitude avant des années. Jusqu’ici, aucun de ces travailleurs n’est tombé malade à cause d’une surdose de radiations.

Et quoi qu’il arrive dans les prochaines décennies, le total restera loin sous les 16 000 morts et 3300 disparus causés par le tsunami.

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